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Epicurisme autour du cachopo asturien

Julien Fournier

Vendredi, milieu d’après-midi, je prenais la route pour les Asturies. Chaque année c’est la même limonade. Accompagné de mon compagnon de goût, nous prenons la direction de notre région passion. En quelque sorte, nous considérons ce périple comme notre lune de miel, sans les rapprochements corporels. Ici, pas de diners romantiques, aucune balade suivie de sérénade mais une franche camaraderie illustrée par des accolades.

Les Asturies sont un sentiment que nous embrassons au fil de nos vies, tel un amour lointain que l’on souhaite plus qu’ami. Région peuplée d’individus sincères, les fioritures n’y sont jamais nécessaires. La simplicité des instants que nous passons au fil des ans suffit à notre enchantement. Et devinez quoi ? C’est souvent autour d’une table que nous savons exprimer le mieux notre gratitude, à cette terre qui nous reçoit avec habitude. Mes vigoureux vermisseaux, installez-vous plutôt à notre table afin de murmurer à l’oreille de nos râbles.

J’avais l’envie, bien entendu d’avoir envie, mais surtout de vous conter les bienfaits d’un typique mets. Dans cette communauté autonome du nord-ouest de l’Espagne de 10 000 kilomètres carrés, le climat humide conjugué à la topographie accidentée enfante des plats réconfortants. La richesse de ce territoire ne se limite pas à la diversité des paysages, mais également aux calories que l’on gobe à tout âge. La cuisine moléculaire est aussi étrangère dans la gastronomie asturienne qu’un bédouin le serait sur la banquise arctique. La quantité n’est pas antonyme de la qualité. En voiture Simone, notre table nous klaxonne.

Mon acolyte de becquée rêvait ce soir-là de croûter une coquinerie panée. Le chenapan m’amenait sur un terrain connu qui s’appelait Cachopo. Le nom pourrait évoquer un alcool sud-américain ou bien l’enseigne d’un magasin de pipes dans une ville frontalière, mais il n’en est rien, nous sommes bien sur de la boustifaille cantinière. Afin de vulgariser un peu votre vision, nous dirons que ce divin délice est un cousin du cordon-bleu. La différence étant qu’ici, le père dodu laisse place à de l’artisanat heureux. Diable, que la typicité est conviviale lorsqu’arrive devant nos groins cette longueur habillée en chapelure. Pourvu que cela dure, la belle aventure.

Qui n’a jamais rêvé de fourrer à sa guise ? Et bien figurez-vous que le Cachopo le permet ! En effet, ce classique asturien se compose de veau, bien souvent câliné par du jambon et du fromage de chèvre. Je vous mentirais si je vous jurais que c’est un régime de marathonien anorexique. Dans mon cas précis, et comme vous le savez, j’aime déambuler avec des collègues nutritionnistes qui aspirent seulement à inspirer mes chroniques. Dès la première bouchée, la générosité s’emparait de nos palais. Le petit veau, tendrement présenté en filets réguliers, glissait le long de nos tubes digestifs tel jadis mon cousin dans les toboggans d’Aqualand. Gobichonner un Cachopo se résume en plaisir, en nourriture lente que la taille importante nous oblige à battre une certaine mesure. Cette chère robuste et économique nous rappelle que l’essentiel n’est pas la forme mais le fond. Adorateur de l’esthétisme, repassez. Adulateur de l’hospitalité, venez.

Après avoir avalé une fricasse pour quatre personnes à deux, il était temps de faire déambuler nos corps de bienheureux. Nos bedaines remplies et arrondies semblaient nous aiguiller vers notre prochaine étape, où la soif viendrait nous mettre une tape. Fichtre, mon nombril rentrait dans la taverne alors que mon galbe était encore externe. Tu as raison l’ami, faisons pousser le tout avec une bouteille de cidre. Et surtout, n’oublions pas de pousser le bouchon un peu loin dans notre rêve asturien.

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