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Epicurisme autour des ris d’agneau

Julien Fournier

Ma chronique du jour n’illustre pas mon ingurgitation la plus sexy je vous l’accorde. Disserter sur une glande, le thymus, en vous vantant la jouissance de sa présence est aussi difficile que vous convaincre d’aller en ce moment à la pompe faire son plein d’essence. Je vous conçois également, que la cassolette que je vous propose aujourd’hui paraît remplie de bectance pouvant rebuter certains douillets du palais. Mais que voulez-vous que je vous dise, l’amour que j’ai pour les abats est plus fort que celui que j’ai pour Abba. Sachez tout de même que par correction pour vos précieux estomacs, j’ai attendu depuis fin novembre le bon moment pour vous conter cet exquis repas. A moins que ce soit le temps de ma longue digestion.

Le vingt huit novembre dernier, j’étais en effet convié par un ami à une journée palombe. Ce genre de projet diffère d’une escapade citadine à la fashion week je vous le promets. Cette étape automnale était en plus affreusement pluvieuse, mettant en exergue le bourbier vers lequel on avançait. Il fallait vraiment aimer se remplir l’entonnoir entre bœufs (plus ou moins gras) pour sortir son tarin d’un logement chauffé. Je me souviens que le rendez-vous était à onze heures, pour une réservation de table à quatorze heures. C’est vrai que trois heures d’apéro allaient nous remettre les idées en place… Vous connaissez d’ailleurs ce prospect qui se sent obliger de se basculer un café qu’il n’avait pas rêvé en arrivant pour commencer le projet ? Pour, bien entendu le faire pousser par un blanc dans la minute suivante. Il doit y avoir chez eux une circonstance motivante. Bref, le raisin déstructuré donnait faim et nous nous sentions assez mûrs pour affronter un gargantuesque festin.

– « Vous prendrez tous le menu palombe ? »

J’ai toujours aimé ces questions qui sont en fait des obligations. Inutile de répondre par la parole, un hochement de tête suffit pour donner l’aval à ce rencard bestial. Au programme, garbure de la vallée, ris d’agneau, palombe avec ses frites, fromages et dessert. Voici venu le temps de rire et des chants comme dirait Casimir ! Lorsque je balayais du regard l’assemblée assise à mes côtés, je me disais que je n’étais vraiment pas entrain d’assister au G7 et son sommet. D’ailleurs, l’avantage avec la garbure est que bouche pleine il est délicat de débiter des conneries sous peine de prendre le bouillon. Et ce n’est pas un pléonasme ! Si pour nos ainés la soupe amène le sommeil, chez nous elle prévient seulement que la suite demande de l’éveil. A l’occasion du changement de plat, mon voisin m’avait fait une blague salasse dans laquelle le mot « zob » était le sujet principal. J’ai ri et le bougre pensait que c’était pour lui. Je voyais seulement arriver mes ris.

La gourmandise était vraiment coquine dans son terrier ocre, laissant à croire que cette dernière se sentait en sécurité malgré au dessus d’elle ma binette d’ogre. L’assaisonnement grossier était le garant de notre terroir que nous aimons tant, et sa couleur en était l’illustration. Les différents bains d’eau froide que les glandes du jeune agneau ont eu le privilège de recevoir, n’avaient rien à envier à un week-end pour deux dans la ville thermale de Luchon. Louchons plutôt ensemble sur ces aspérités ressemblantes à des valseuses de retraité. Inutile de me demander si le goût est conforme, je ne saurais vous éclairer. L’abat de mon animal adolescent présent initialement à l’entrée de sa poitrine était fait pour se retrouver dans mon écuelle tant sa prestance était divine. Les chairs étaient aussi fermes que les cuissots d’un randonneur chevronné, grâce aux barbotages dans un océan thermiquement inhospitalier. Sous la dent, je vous certifie que c’est dément !

Avant de passer au gibier tombé pour notre bonheur que nous allions gobichonner avec ardeur, il était l’heure de me lever pour faire pleurer le chauve en repensant à mon ravissement que je venais d’avoir. En croisant sur le chemin de l’urinoir mon voisin ayant pris autre chose que les ris, l’envie de lui raconter à mon tour une histoire me démangeait. Je n’avais même pas ouvert le gobe mouche que ce con avait le sourire ostentatoire !

– « Bé, tu vois que toi aussi tu ris. »

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