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Epicurisme autour du poulpe

Julien Fournier

Voyageons un peu vers une contrée peuplée de délices, s’appelant Galice. Cette Bretagne espagnole, nichée à l’extrême nord-ouest de la péninsule ibérique, nous offre des mets iodés à se lécher les roubignoles. Pour les plus souples évidemment. Fleuron de la gastronomie de nos voisins amis, le poulpe avait décidé d’étendre sa patte dans mon assiette, afin que je l’honore puissamment de mon coup de fourchette. Si j’avance et que tu recules, comment veux-tu que j’attrape ta tentacule !

Nous étions un jeudi midi, et un gobichonneur compétent m’avait apostrophé afin que nous jouissions devant une marmite de bon. Il ne faisait ni chaud, ni froid, un temps pour un Normand indécis mais surtout pour s’en mettre ras le melon. Si le bougre comptait sucer sa paille en regardant les oiseaux, il avait appelé le mauvais zigoto. Que les bergers pyrénéens m’excusent, mais j’avais une faim de loup !

L’auberge accueillante guettait notre arrivée d’une spatule décidée. Avec les tenanciers, nous nous étions déjà reniflés, et le courant était bien passé. Le Graal de l’électricien ! N’ayant de temps en temps pas la lumière à tous les étages, cela ne pouvait que me faire du bien d’être éclairé par un artisan du goût. Allez-y mes artichauts, faites-nous voyager, nom d’une pipe en bois d’acajou.

L’attrait du partage nous poussait à épouser une entrée commune. En somme, nous adoptions le communisme glouton. Heureusement, ici, notre butin serait moins dangereux qu’un gagnant scrutin. Nous options donc pour une coquinerie que la marée nous dédicaçait de sa personnalité. Diable, ce poulpe semblait bien plus savoureux que ceux accrochés aux lèvres des influenceuses en recherche de respect. L’œuvre chirurgicale pour devenir une pieuvre banale.

Avec mon compère de tablée, nous comprenions dès les premières bouchées que le popotier ne s’était pas trompé. L’octopode, dans son petit bassin de saveurs, surplombait les condiments du bonheur. Il les toisait grâce à son gabarit, mais savait qu’il avait besoin d’eux pour nous rendre chanceux. Bien que la cuisson de cette bestiole soit généralement aussi bien maîtrisée que l’Éducation nationale par Pape N’Diaye, il n’y avait rien à dire sur notre moment dénué de soupir. Mazette, le gargotier venait d’une terre sans océan, et pourtant il s’accommodait brillamment de la houle et de son tempérament. Le sapajou naviguait aisément dans les tourments de l’océan.

La brunoise de piquillos et ail, finissait de nous tapisser l’haleine d’une fragrance qui mettrait une vendeuse de Séphora en transe. Que j’appréciais ce moment où les ventouses de notre ami Paul… prenaient gîte entre les parois de mon tendre estomac. Nous pouvions passer à autre chose sans amertume, ni nostalgie, mais avec tout de même encore un petit appétit. Cet instant galicien cuisiné à la sauce locale, confirmait mes envies de ne jamais traiter ces gueuletons avec indifférence. L’insensibilité est réservée aux gens vous servant la mauvaise soupe. En aucun cas pour toi, mon poulpe.

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