Menu
Retrouve moi aussi sur

Votre plume gourmande

Edit Template

Epicurisme autour des pimientos de Padrón

Julien Fournier

Et si je vous narrais un moment balnéaire, tranchant avec mes gueuletons habituels qui ne manquent pourtant pas de me plaire. Je ne vous promets pas de vous rassasier, mais de vous baigner d’un soleil avec intensité. Entouré de chalands aimant l’océan plus que de raison, il fallait maintenant trouver un encas nous apportant une légère vibration. Voici, si vous l’acceptez mes asticots, ma divine mission.

Octobre s’immisçait dans notre calendrier comme un fumeur serait absorbé par un cendrier. Théoriquement, les rousses feuilles devraient tomber, le vent soufflerait et les femmes aux chapeaux sortiraient. Cependant, l’été indien a décidé de s’installer sur la côte basque, en nous offrant des beaux spectacles de fin de journée. Mazette, je suis en train d’écrire sur les turpitudes climatiques alors que vous commencez à avoir faim. Pardonnez-moi mes vermisseaux, je vais remettre dans la niche le chien.

Samedi dernier, je conviais une crevette à partager une gourmande soirée. Mon intention première n’était pas de la décortiquer, puisqu’elle était secondaire. Je comptais avant tout jouir d’un apéritif exemplaire, avant de poser mon fion de volaille pour une dînette cachottière. Ainsi, le périple de la mastique était entamé dans un lieu préservé, léchant les vagues qui remplissaient nos âmes. Si ces endroits sont toujours bénéfiques pour nos rétines, il en est moins vrai pour nos babines. Vérifions mes artichauts…

Notre table en pierre investie avec la motivation d’une punaise devant un sommier, il était temps de choisir le grain à picorer. Il ne fallait rien de compliqué, mais juste accompagner dignement notre houblon frais. Évidemment, je n’allais pas choisir seul, mais allègrement suggérer. Lorsque je tombais d’accord avec moi, les pimientos de Padrón étaient déjà au stade de l’envoi. Appelez-moi le Pinochet de pitance ! Contrairement aux verts faisant de la politique, ceux qui allaient s’introduire dans mon organisme sont plus digestes. En plus, eux, ne manquent généralement pas de sel. Attrapons-les ensemble par la queue, et espérons que nous les jugerons délicieux.

Tandis que l’écuelle remplie de piments attirait nos museaux de désireux, nous remarquions que la générosité de la maison nous permettrait de tenir jusqu’au coup d’envoi de notre futur repas. Nous serions donc dans l’obligation de pitancher une autre cervoise, pour mieux admirer le paysage merveilleux. Le Padrón, lui, ne semblait pas craintif à l’idée de se faire déguster. Ce natif du nord-ouest de l’Espagne est un fleuron de la fricasse apéritive, et surtout une valeur sûre à embrasser. D’ordinaire peu piquant, il s’accommode comme le roi du Maroc, à tous les palais. Celui de la polissonne en face de moi avait l’air d’avoir du goût, tant la gredine remarquait vite l’indulgente insuffisance saline. Allais-je interpeller le popotier pour lui jurer que je n’étais pas encore en hypertension ? Non, ayons de l’éducation et admettons tout de même que les chenapans étaient très bons.

Padrón

Nous arrivions à l’épilogue de notre bonheur, après avoir équeutés nombres de petits poivrons avec ardeur. Mesurant de 5 à 10 cm, leur petite taille n’était pas un frein à notre épisode fait de grandeur. Alors incontestablement, ma chronique du jour fait la part belle à l’enveloppe autant qu’à la lettre, tant le théâtre du soir ferait un tabac à l’applaudimètre. Padronne-moi si je ne parle pas, mais mon pays me laisse sans voix.

Chroniques épicuriennes

Ton espace de convivialité

NAVIGATION

Liens Légaux

Retrouve moi sur

Site réalisé par Aranea