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Epicurisme autour de la souris d’agneau

Julien Fournier

Il y a tout juste une semaine, dimanche dernier, ma femme me confirmait au lever que sa journée serait agrémentée de deux cours de Yoga. Cette pratique prônant l’union entre le corps et l’esprit est en ce moment aussi populaire que la course à pied au Kenya. N’ayant pas foi au style de vie des contorsionnistes n’aimant pas le gras, je décidais assez vite de mon indépendance journalière.

Après m’être savonné les magrets énergiquement à la suite de mon petit déjeuner, un appel du patriarche émoustillait ma curiosité. En quelque sorte, quand le bougre essaie de vous joindre sur les coups de onze heures, c’est rarement pour vous inviter à manger l’Ostie devant le clergé. Bingo, le temps de raccrocher et je devais me préparer à aller manger « de l’autre côté ». La règle dans ce cas-là est simple, toujours accepter. Lorsqu’un prospect vous invite à vous baffrer sur l’autre versant des Pyrénées, la seule issue possible est le remerciement avant de s’en mettre goulument.

Mes chaussures aussi lacées qu’un gilet jaune devant le pouvoir placé, je pouvais avancer sereinement vers l’objectif que je m’étais fixé, à savoir embrasser l’apéritif chaleureusement sans m’avancer masqué. Notre table était réservée avec le soleil automnal, qui chauffait nos chutes de reins à en avoir la croupe tiède. Quel plaisir de se retrouver en tribu pour un gueuleton s’annonçant bouillant ! Comme diraient les prédicateurs des champs, c’est à la fin de la foire que l’on compte les bouses. Je savais pour ma part qu’aujourd’hui, notre slogan serait « Du pain, du bousin, tout est bien ».

Après une cassolette de cèpes pour la bonne bouche suivie d’un croustillant de pied de cochon en entrée, me voilà devant ma souris qui me rendait heureux. Celle-ci, je ne vais pas la prendre par la queue pour la montrer à ces messieurs mais plutôt la bouloter avec un appétit démesuré. J’avais en effet dimanche dernier le diable dans le jarret. Le gras luisait autour de ma gueule dès l’entame de l’agneau, ce qui me rendait aussi brillant qu’un sémaphore côtier, avec bien évidemment la taille en moins. Mes bruits de bouche couvraient les histoires inintéressantes de la table voisine, rendant service à mes parents qui pouvaient alors mieux se concentrer sur la suce de la palombe divine. Même le Rioja qui tapissait nos palais n’arrivait pas à faire passer le goût du moment tellement il était convaincant. Ma viande venant d’un nourrisson des prés faisait déjà preuve de maturité dans son cocon juteux, que j’aimais titiller de mon fourchon malicieux. Les quelques carottes rendaient encore plus agréable ce met musculeux, tout en me faisant gober de la rondelle à rendre l’individu me faisant des yeux envieux. Et que dire de l’accompagnement vers ma fin d’appétit ! Des belles frites maison voulant saucer ce fils de mouton. La fécule ressemblait à la flatule que je venais de déposer sur le banc ciré, généreuse.

Voilà mon assiette à peine achevée que sonnait l’heure du goûter. La brioche qui commençait à me pendre sous le nez me demandait un repos bien mérité. Cela tombait bien puisqu’un couillon m’avait parlé le matin même du possible sacre d’un Français en moto GP. Ayant un intérêt aussi grand pour les sports mécaniques que pour la vie de mon boulanger, je pressais soudainement mes parents pour me ramener d’urgence afin que je puisse me faire chier. Pensant partir léger il y a quelques heures en oubliant mon porte monnaie, je revenais aussi chargé qu’un cortège illégal depuis Tanger. Cependant, je peux affirmer que ce projet dominical m’avait souri, comme celle qui se trouvait dans mon écuelle et pour laquelle j’étais prêt à arrondir mon aspect corporel.

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