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Epicurisme autour de la poitrine de cochon et purée de patates douces

Julien Fournier

Les débuts de septembre sont traditionnellement rythmés par un week-end de festivités aux arènes de Bayonne. Passage obligatoire pour ma pomme, je jouis toujours durant ce moment d’un appétit féroce pour tout ce qui me collationne. Stratégiquement, les restaurants de samedi et dimanche midi sont réservés depuis quelques semaines, afin que nos ventres ne restent jamais en peine.

La pluie annoncée devait balayer nos envies sèches de festoyer. C’est mal nous connaître, tant le parapluie peut servir de toit joyeux contre le mal-être. Et puis, si l’on prend un peu de hauteur, ne serait-ce pas un temps à négliger la légèreté ? À la bonne heure ! Prenant note de la situation météorologique, j’avais pour mission de trouver les meilleures munitions pour cette fin de semaine calorique. Vous le savez mes ragondins des Barthes, c’est un défi que jamais je n’écarte.

Voulant me faire plaisir en faisant croire à l’assemblée que j’étais pour eux dévoué, me voilà retenant une table dans un établissement que j’affectionne tout particulièrement. Les associés y sont aussi délicieux qu’un bon jus à saucer. Et que dire des mets servis avec respect ! C’est simple, chez eux, je me sens chez moi en n’oubliant jamais que je suis sérieux, enfin chez eux. Bref vous m’aurez compris, je souhaitais rassembler dans un lieu qui n’a pas de prix.

L’heure de la sentence avait sonné pour nos six gueules enfarinées, lorsque le tenancier, à gorge déployée, nous contait sa carte vinifiée. Diable, le sacripant connaît mieux sa cave que la géopolitique asiatique assurément. Ainsi, une scène culte s’avançait vers nous, quand on identifiait les divers flacons à pitancher, nom d’une pipe en bois d’acajou. Pour manger, je suggérais à mon estomac une belle poitrine, comme celles que l’on croise sur les plages l’été. Mazette, le désir monte !

Mon buste de ce midi venait d’un cochon qualitativement alimenté. Le popotier du quartier me l’avait grandement conseillé. La bête, tendre à faire pleurer un chanteur à succès, pouvait se découper à la fourchette avec excès. Son goût de reviens-y trahissait d’un amour ancien pour les glands divins. Cela ne me dérange pas, l’ouverture est depuis longtemps là. Le goret se présentait allongé sur un duvet de patates douces, qu’il épousait avec une maestria qui éclabousse. La teinte générale automnale traçait le chemin vers la saison, qui est pour moi peu banale. En bouche, les légères chips apportaient le croquant à cet instant passionnant. Aussi, les multiples textures battaient la mesure d’un rendez-vous que nous n’aurions manqué sous aucun prétexte. J’aurai d’ailleurs une explication de texte avec le saucier, et ma bise sera appuyée ! Quelle chance il a… Nous buvions bien, nous rigolions comme des cons, mais surtout nous mangions admirablement. Et si c’était juste notre destin…

La fraîcheur du gin tonic tapissait nos intérieurs en cuite, et poussait l’animal vers le fond de ma salle d’attente. L’heure de notre départ approchait et nous devions accélérer nos corpulences conséquentes. Nous étions attendus à une heure précise pour la suite de notre week-end épique, et nous devions fendre les gouttes qui tombaient à pic. Apparemment, elles aussi aspiraient à profiter de ce bonheur bien ancré dans notre temps.

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