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Epicurisme autour d’un dimanche convivial

Julien Fournier

J’étais, dimanche dernier, convié à une sauterie divine par un ami proche. Il m’avait prévenu que le programme serait cousu main pour mon estomac et mon bonheur incertain. Finalement, l’ouverture de ce bouquin de convivialité assurée, ferait office d’un best-seller de poche.

Le coquin, viandard comme Sandrine Rousseau est clivante, avait concocté un programme digne des plus belles farandoles chantantes. Il était parti faire les courses là où la persillée est une richesse, digne du pétrole pour le Qatar. Qu’il me dit, n’arrive pas trop tard, on allumera ensemble la flamme de notre savoureux bazar. Vous l’aurez compris mes artichauts, nous allions mâcher des belles côtes de bœuf, en sirotant des doux pinards qui allaient nous faire prendre notre panard.

Les parents de mon acolyte ayant une piscine, la tenue dominicale se résumait à un léger maillot, et un haut que l’on pourrait tacher avec excès. Je vous parle du fameux T-shirt servant à la fois pour la plage, le sport, la bringue, et de temps en temps de mouchoir de fortune. Le rendez-vous fixé à midi, je préférais être présent quelques minutes avant, afin de me recueillir silencieusement devant les viandes en pleine séance d’aération. Mazette, même à la sortie d’une boîte de nuit de Limoges, il doit être rare de croiser quatre limousines aussi envoûtantes. Devant ce spectacle, un suédois s’exclamerait : « Je vais vous avoir inch’abba… »

C’était l’heure du sacro-saint barbecue, et son allumage pouvant être chancelant. Ici, je constatais de suite que le chenapan avait plus l’habitude de faire pousser une flamme que des géraniums. Diable, l’asticot connaissait une technique mexicaine, afin que l’énergie se dégage sans peine. Je ne préférais pas poser de question sur la paternité de son succès, il a créé par la suite une famille aimée. Pendant ce temps-là, les moustiques attaquaient fort l’apéritif, en nous suçant tour à tour comme si nous étions addictifs. Un peu en contrebas, les invités dansaient avec les rondelles de saucisson et quelques chips de joie. Eux non plus ne paraissaient pas à plaindre, me donnant l’envie de photographier ce qu’un artiste pourrait peindre. C’est l’heure de mettre les reines sur leur trône incandescent. Mon dieu, vous avez dit indécent…

Que cet après-midi se passait à merveille. Les cuiseurs avaient chaud, le chien aboyait pour rien, et les pommes de terre apparaissaient sur la table, comme pour nous alerter d’ouvrir les premières bouteilles. Le banquet ne ressemblait absolument pas à la convention des Vegan du Berry, mais plutôt à un colloque de cochons du pays. Ainsi, nous étions remplis de solutions quand il s’agissait de faire glisser le gras de notre becquée, délicatement sur nos palais. Nos bouches rutilaient à concurrencer les rayons du soleil, tant nos museaux épousaient l’élevage si apprécié. La maîtresse des lieux, et femme de goût avant tout, avait concocté une salade de pâtes pour introduire de la fraîcheur à notre ripaille faite de chaleur. Les persifleurs tortellini mesuraient leur responsabilité de voiture-balai, afin de faire glisser affectueusement les fibres carnassières que nous venions d’embrasser. Le moment de la tarte venait, et mon entrain de gueule salée chutait.

Avec un compère de croûte, homme moderne comme moi, nous nous attaquions à la vaisselle énergiquement et bien évidemment, volontairement. Pendant que je massais les assiettes d’une généreuse mousse, le type dégarni mais surtout exquis essuyait la porcelaine rigoureusement. Il m’avait cependant fait la promesse de laisser quelques traces, celles d’un souvenir d’une journée d’enchantements.
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