Lorsque je passe quatre jours à Madrid, mon inspiration est aussi élevée que celle d’un sportif devant des glucides. Une capitale que j’aime, d’un pays que je chéris. En effet, mon pèlerinage annuel m’amenait jusqu’à la porte du soleil, afin de profiter d’un quotidien où la convivialité est bien réelle. Les gens parlaient fort, et la discrétion était aussi malvenue qu’un poil sur les fesses d’un hurluberlu. Ici, l’expression prend un sens sonore, qui est autre que le silence est d’or. Chaque printemps se ressemble sans se ressembler. Des nouvelles rencontres, des terrasses ensoleillées dégotées, mais toujours la vie comme priorité. Il y avait aussi un autre avantage à rouler vers la cité royale, gustatif celui-ci, et qui vous accompagne jusqu’à destination en vous calant la dalle.
Ceux qui ont la chance de l’habitude n’apprendront rien quant aux auberges gourmandes, jalonnant l’autoroute allant du Pays basque à Madrid l’affriande. Plus que regarder la route en conduisant, il fallait être alerte sur les bornes kilométriques annonçant des endroits orgasmiques. Les traditionnalistes savaient où il fallait s’arrêter, pendant que les agneaux cuisaient sans anxiété. Diable, que la perspective routière était faite pour me plaire ! Mon accompagnant voyant également l’existence comme une belle danse, nous pouvions sereinement investir la Clio, afin d’avaler du bitume avec brio.
Notre voyage entamé depuis peu, que nous nous arrêtions afin de casser une belle croûte autour d’œufs et de boudin noir annonçant l’espoir. À mi-chemin entre la maison et la famille Royale, nous devions nous occuper d’une légère dalle. Ainsi, nous poursuivions notre destinée pour quelques jours de félicité, avec nos bedaines déjà cajolées. Distillant ces mots pour une simple chronique et non un guide sur quelques pratiques idylliques, je serai bref, mes souriceaux, sur le déroulé de notre villégiature. Nous pouvons seulement affirmer qu’il n’y a pas qu’aux cochons que l’on a donné de la confiture ! De la culture, du biberon ivrogné avec la modération d’un passionné, et quelques tables bien ficelées. Passons directement au trajet retour, et au jeune mouton que j’embrassais avec amour.
Nous avions ordre de faire une pause pipi et péripéties au kilomètre cent quarante-sept, avec la promesse de mettre un maximum de miettes sur nos sets. L’information était d’une fiabilité sans conteste, venant d’un sapajou aux goûts loin d’être funestes. Sachez mes asticots que si l’on trouvait des stations-services de ce calibre en France, nous déciderions d’être routiers pour rêver en abondance. Dès que nous passions la porte de cet endroit dans le jus, nous savions que nous finirions repus. Bon, nous étions loin d’un showroom de décoration intérieure, mais près d’un puits de ferveur. Comme je vous l’ai dit précédemment, la spécialité résidait dans l’agneau, au four ou sous forme de succulentes côtelettes. Je jetais mon dévolu sur la suçote de sept fines, qui devenaient mes plus grandes copines. Aussi épaisses qu’un anorexique au régime, les élégantes se travaillaient avec les doigts, et mes dents du fond baignaient avec joie. La viande, d’une qualité affirmée, rappelait que nous pouvions encore manger bien sans se ruiner. Nous ressentions le goût d’un territoire, et nous relations le besoin de le voir.
Comment repartir après cette coupure dorée… L’Espagne regorge de lieux comme cela, où le temps ne passe pas. Le temps, on le prend comme un confident et non comme un train qui serait pressé d’arriver sur un quai manquant d’hospitalité. Sur un vulgaire bord d’autoroute, le temps m’a accueilli avec la même bénédiction que celle du nouveau Léon.
Merci pour ce moment.
