Menu
Retrouve moi aussi sur

Votre plume gourmande

Edit Template

Epicurisme autour du pied de cochon vinaigrette

Julien Fournier

Vous n’avez pas remarqué que les températures commençaient à nous chatouiller le bout du nez au petit matin ainsi qu’à la tombée de la nuit, faisant de notre tarin un objet coulant comme cela n’est pas permis. Vous me direz, certains n’ont pas attendu les fraiches périodes pour avoir le gyrophare rougi. Pour ma part, cette baisse de Celsius résonne dans mon cerveau comme un appel à la chair réconfortante, celle que l’on aime câliner avec un désir non dissimulé. Si dans nos penderies les pulls sont de sortis, il faut dorénavant que nos écuelles soient de mets bien garnis.

Nous étions mardi dix-sept heures et je venais de recevoir de ma gourmande compagne un message me proposant d’aller nous sustenter grassement à l’heure du diner. Un kangourou dirait c’est dans la poche, moi je dis ça sera dans la brioche. Je passais par la suite ma fin de journée à rêvasser sur les délices qui allaient me rassasier, et je dois dire que mes pensées s’approchaient plus d’une espérance calorique que d’une illusion fantomatique. En somme, j’avais une faim de boulimique en crise.

L’heure du souper arrivait avec son choix cornélien à assumer. Vais-je me gobichonner une terrine d’oie aussi charnue que mon ancienne voisine de palier ou sucer énergiquement les osselets d’un pied de porc ? Après quelques gorgées d’un p’tit blanc sec, mes idées étaient aussi claires que Chazal, le Georges Tron de la gélatine allait entrer en scène. D’habitude, les panards de cochon m’excitent surtout quand ils sont panés, mais faute de chapelure, c’est en vinaigrette que je comptais faire leur pédicure. Par tradition locale, ce classique de la gastronomie de notre pays n’avait pas comme prérogative de visiter fréquemment mon embouchure. Pourtant, savoir que cet abat allait se faire bercer par mes coups de canines était un sentiment qui présageait bon augure.

Rousiquer le soubassement d’un cochonnet est l’occasion de mettre en lumière la capitale de ce dernier, bourgade en manquant cruellement par faute d’infortune géographique. Sainte-Menehould, outre son nom à déborder sur un courrier, est une localité de la Marne léchant dangereusement la Meuse. En résumé, nous sommes plus près d’un alcoolisme constant que des palais Toscans. Mais croyez-moi dans la bouche, aucun goût de misère ! Mon entrée était d’une belle longueur, légèrement courbée à l’extrémité Nord et suintant de tous les pores. L’échalote qui saupoudrait ce phallus charcutier venait relever la bête par crainte qu’elle s’endorme sur mon palais. La magie opérait pendant que mon haleine se chargeait. Il n’y avait guère qu’une belle bouchère que je pouvais happer avec ma langue salée. Etant fidèle à mon foyer, j’attendrais donc avant de bécoter mon élégante dulcinée. Plus je prenais mon pied, et plus j’amassais les cartilages qui prenaient la tournure d’un champ de ruines à faire durcir les archéologues du monde entier. Si mon cochon avait été un artiste, je l’aurais applaudi longuement avec mes doigts aussi luisants que le crâne d’un chauve transpirant.

Il était bientôt vingt et une heure et je me rendais compte à cet instant que mon futur plat nappé de sauce aux cèpes n’allait pas forcement m’apporter de la fraîcheur. Fichtre, l’important dans ce lieu d’entretien abdominal était de se réchauffer le cœur et non pas se geler les glandes génitales. Dans cet antre de la bonhomie, il était obligatoire de prendre l’affection du patron, la boisson du pochtron et la pitance du glouton.

Les dents du fond baignant gaiement,
– « Chérie, allons-y. Je commence à avoir les magrets rôtis. »

Chroniques épicuriennes

Ton espace de convivialité

NAVIGATION

Liens Légaux

Retrouve moi sur

Site réalisé par Aranea