Sa saison est arrivée avec son lot de recettes coquines. Que l’on fantasme sur elle sous toutes ses formes, d’une tarte en passant par un gratin, nature ou avec une sauce malicieuse, la finalité sera dans tous les cas divine et la pitance délicieuse. En effet, le printemps est déjà dans nos esprits mais surtout dans nos estomacs, grâce aux pousses que cette période nous offrira.
Notre reine du jour est pleine de vitamine C, à faire rougir une brave tomate de supermarché. Aussi, elle est la compagne idéale d’un régime printanier, que vous soyez en ville ou à la campagne. En effet, composée en grande partie d’eau, il est si agréable de se noyer dans l’univers de cette plante potagère.
Si Louis XIV l’aimait beaucoup, c’est pourtant en Afrique du Nord que son ramassage est initialement roi. Grosse et moelleuse, le Vieux-Continent a décidé alors de lui offrir une destinée heureuse grâce à nos dentiers d’affamés. Maintenant, sa tige souterraine gorgée de désir peuple les cultures sudistes de notre cher pays. Attendons simplement que les bourgeons soient de sortie.
Devant soi, sa garde doit être aussi droite qu’une érection matinale, vigoureuse ne laissant aucune place à une faveur banale. De plus, ne soyez pas surpris si au cours d’un repas où elle est à table, vous entendez ce genre de douce fable :
– « Le bout est tendre avec un merveilleux goût. »
A cet instant précis, nous pourrions croire que vous assistez à une réunion plénière au Cap d’Agde, alors que vous passez un autre type de moment exquis.
D’avril à juin, la souveraine sujette est actrice principale de nos nombreux festins. Personne ne reste de marbre devant son affriolante longueur, attisant même chez certains de polissonnes bouffées de chaleur. Il est alors inutile de voyager jusqu’à Pise pour admirer une somptueuse hauteur.
Gobichonner la blanche plantation est une incontestable tentation, qui engendre tout de même la pissouille facile en moyenne quinze minutes après ingestion. Sa particularité diurétique offre une odeur spécifique au fluide corporel, qui n’empêche en rien nos papilles de lui faire la part belle. Un maraîcher de mon village, gentil bougre aviné, disait d’ailleurs :
– « Foncez-y, quelle que soit la couleur du pipi ! »
Comment ne pas finir cette jacasserie sur la vivace plante, en vous conseillant avant dégustation de tendrement l’égoutter sur une surface absorbante. Trop molle, notre gracieuse des champs sera filandreuse et votre becquée malheureuse. Assurez-vous donc de bien faire ruisseler l’eau du bain en amont de son usage. L’asperger sans la noyer, avant de la célébrer. L’asperge.