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Epicurisme autour de l’oeuf mayonnaise

Julien Fournier

Je suis entré l’autre fois dans mon repas non pas par la porte, mais par un prologue bien connu du savoir-manger de notre pays cocardier. Définitivement, je trouve que la simplicité est la clé d’un bonheur déclaré. Lorsque les œufs mayonnaise paradent dans notre champ de vision, nos estomacs se mettent souvent en ébullition pour de bonnes raisons. Ce préliminaire du monde bistrotier est vieux comme Hérode, puisque sa première recette est datée de mille neuf cent six. Contrairement au poisson, je n’étais pas né et je n’ai ainsi pu constater la méthode formatrice. Tout ce que je sais est que cent ans plus tard, ces bouchées jaunes et blanches de cantine me transportent tel un chef de gare.

N’oubliez jamais que la présence de ce délicieux préambule sur une table de compagnonnage annonce un gobichonnage sincère, allant à l’essentiel et laissant la dose de superficialité à certains programmes télé. Que je regarde comme vous bien entendu. De plus, l’œuf « mayo » a la politesse de souvent se présenter sur une feuille de laitue, sorte de paillasson avant de s’engouffrer dans ma gueule de passionné. A-t-il peur de salir mon palais ou est-ce seulement son moyen de me montrer qu’il est bien éduqué ? En attendant, nous pouvons saluer le travail de la poule. Si tous les œufs du monde avaient cette civilité, les omelettes seraient moins baveuses !

D’aspect, ce met non sophistiqué paraît être à la portée de tous. Je vous le dis, c’est une tromperie. Tout d’abord, le choix de l’œuf ne doit pas se porter sur une élection aléatoire. La gamète sortant du fion de la compagne du coq doit être plutôt gros, d’une générosité visible dirons-nous. Ensuite, viens sa cuisson demandant une attention de gardien de prison. Sachez mes coquins, que la société actuelle a tendance à toujours trop cuire quand elle se trouve dans une cuisine. Alors s’il vous plaît, méprisez ceux qui demandent de la semelle en voulant un bout de viande, et sortez l’œuf du bain avant qu’il soit mou comme François Hollande. Et puis il y a la sauce, la fameuse, la flamboyante, l’éclatante, la nourrissante, l’accompagnante.

Vous connaissez le point commun entre une mayonnaise et une bistouquette masculine ? Il faut un bon tour de main pour les faire monter. Alors oui, je suis fier de ma friandise canaille mais le sujet est sérieux. En effet, la réussite de ce mets tient particulièrement dans le succès d’un nappage heureux. Fraîchement fait et assaisonné de moutarde pour sa fermeté, le coulis nécessite paradoxalement la souplesse d’une gymnaste de l’ex URSS. Ce côté aérien permettra à nos corps d’Apollon une tendre digestion ! Pensez qu’il n’y a pas que les parfumeurs qui ont les naseaux affûtés, mais aussi vos voisins de chambrée. Pour les plus polissons d’entre nous, parsemer la masse onctueuse de ciboulette ou d’estragon est une profession de foi donnant du goût. Bande de sacripants ! Remarquez vous me direz, l’émotion se trouve souvent au bout de la langue.

Et avec ceci, qu’est ce que l’on se lippe ? Un bon beaujolais nous fera rester dans l’univers du bistrot, que ce midi nous chérissons. Le flacon rhodanien, élancement élégant, était l’élément qui finirait par autour de cette table créer du lien. L’exquis moment que nous passions autour des offrandes de la poulaille méritait cette belle soif, scellant un repas de retrouvaille. Si l’association pour la sauvegarde de l’œuf mayonnaise nous voyait, serait-elle comblée ? En tout cas ici, nos papilles vivent un épanouissement complet.

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