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Epicurisme autour du jarret de porc

Julien Fournier

J’espère que cette chronique sentira bon le bretzel, l’odeur particulière de la saucisse grillée qui vous fait frétiller les bretelles. Je souhaite que cette tirade hume bon la bière tiède, celle que l’on boit par hectolitres avec l’idée de faire le pitre. Je désire que ce papier accueille avec douceur la langue gothique, capable de réveiller un macchabée de façon énergique. Mais j’aspire avant tout à émoustiller vos sens en vous contant mon week-end en Suisse germanique, d’une belle qualité gastronomique.

Ayant pris ma fin de semaine, j’arrivais dans la surprenante Zurich dans un moment post frénétique. La populace commençait à arpenter les rues avec une conviction que je nommerais de cochon. Le week-end approchait, et les grands gabarits traînaient leurs roseaux en se demandant où s’asphyxier le jarret. En parlant de porc, mon hôte m’avait promis de me gâter dès la première soirée. Je pouvais déjà acter que les calories allaient tomber, et que ma ceinture allait chanter. Mon bougre d’expatrié ne s’est pas fait prier pour me concocter un programme qui risque hélas, la nuit de cocoter.

J’étais sur la terre allemande depuis seulement quelques heures (oui car honnêtement cette partie de la Suisse est peuplée d’Allemands qui n’ont pas trouvé la frontière) que mon frère de cœur draguait mon estomac avec ardeur. Il me parlait d’une taverne traditionnelle connue dans la ville, comme le loup est connu du côté de La Jonquera. Apparemment on y croûterait local et s’y désaltérerait d’une façon magistrale. Ne refusant jamais ce genre d’avance, j’approuvais l’idée du guide tel un fidèle de Raël. Mais avant toute chose, nous devions éclairer nos chemins digestifs par un coquin apéritif. Ici, oubliez le petit vin méridional bien ficelé au détriment d’une immense chope de houblon rempli d’efficacité. La roteuse est LA boisson régionale par excellence dans ce coin d’Helvétie. Nous l’attendions donc comme la vessie…

Plus nous nous approchions du restaurant, et plus le froid tombait accompagné d’une furieuse envie de se réchauffer. Notre cathédrale de bienfaits nous promettait une messe endiablée, et d’une certaine richesse. Ca y-est, la paroisse se dressait devant nos museaux, comme un serpent envoûté par un joueur de pipeau. L’architecture de la bâtisse avait de la personnalité, avec son petit air de « Viens j’t’emmène en Bavière ». À l’intérieur, ce fut un enchantement de découvrir tous ces ventres ronds, à l’aise comme un chien dans une niche. En tout cas, avec ce que l’on allait se mettre dans la sacoche, aucune crainte de se cailler les miches.

Une belle Suissesse arrivait alors pour nous donner le roman gourmand. Je vous mentirais si je vous donnais l’information qu’elle avait une taille de guêpe. Nous étions plutôt sur un frelon asiatique. Les cuissots étaient roses et charnus, et son accent aussi rassurant qu’un chasseur ayant bu. La gredine ayant un regard de Bresse et non de braise. Ce qui donnait encore plus faim ! Mon acolyte de mastique me guidait alors sur la spécialité à ne surtout pas louper. Alors ce sera deux « Schweinshaxen » ! Glamour hein ?

Nos écuelles frappaient à nos bourrelets et nous ouvrions goulûment la porte de l’insatiabilité. Ma becquée était majestueuse, calibrée à rendre jaloux les longues queues du quartier. La peau craquante de cette viande savoureuse procure un relief en bouche qui laisserait même une logorrhée muette. D’ailleurs, la cuisson lente au four témoigne du respect que le Suisse au tablier a porté à ce porc que j’aime honorer. Alors que nous finissions bravement notre collation, mon fripon de camarade s’exclamait de ne pas se forcer. C’est à quoi la moutarde m’est montée au nez :

– « Jarret ô grand jarret j’arrêterai ! »

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