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Epicurisme autour du croqu’truffe

Julien Fournier

Mes précieux souriceaux, laissez moi vous narrer un film dont j’ai été un acteur émerveillé, et qui fut tout sauf un navet. Être convié à tourner dans une scène aussi délicieuse est une chance manifeste, tant le réalisateur maîtrise son sujet aussi bien qu’un politique sait retourner sa veste. Ce genre de court métrage en dit long sur le niveau du commandant en or, tant les différentes prises s’enchaînaient avec délicatesse et cohérence. Mes asticots, je vais bel et bien vous parler d’un tourbillon des sens.

Il y a tout juste une semaine, un ami me voulant du bien me conviait à un déjeuner truffé. Refuser cet instant heureux s’apparenterait à se tirer une balle dans le pied. Comme dans un bal joyeux, la danse promettait du désir et un goût merveilleux. Guinchant moyennement, je décidais dès ma première émotion d’écrire notre future histoire, avec sincérité et ivresse de vous la proposer. Vingt-quatre heures après, les senteurs terriennes m’aidaient encore à coucher ces quelques mots, que j’espérais aussi pénétrants que ma sainte becquée. Il y a tout juste une semaine, le champignon du Périgord me faisait vivre une évasion s’appelant aubaine.

Mon invitation se déroulait dans ce que je considère comme la meilleure table de ma ville. Le ballet orgasmique promettait cinq séquences, le temps pour les convives d’avoir les yeux qui brillent et la jouissance à outrance. Si la chance sourit aux audacieux, elle frappait à ma porte ce midi-là, avec la bienveillance de quelqu’un qui souhaite vous rendre heureux. En somme, une sollicitation qui n’a rien de tartruffe… Le popotier, au milieu de sa brigade, rayonnait de talent et d’ingéniosité pour nous cajoler nos papilles exaltées. Le bougre a la générosité chevillée au corps, et ses assiettes témoignaient de ce trait de caractère, nous mettant en absolu confort. À table, c’est l’heure de se prendre un rail de croque.

Admettons que le commun des mortels sache élaborer un croque, qu’il soit Monsieur, Madame ou mort d’ailleurs. Concevons également que chacun trouve sa recette secrète pour faire plaisir aux ripailleurs en herbe que nous sommes. Mais la construction de ce classique du paysage cocardier n’a rien de simpliste, avec l’humilité qu’un équilibre exige. Ici, inutile de vous murmurer que l’ensemble était parfait, il fallait mieux le crier ! Le pain croustillait sous nos dents, entonnant une mélodie légère et agréable à écouter. Nos boudoires devenaient subtilement beurrés, avant nous, plus tard dans la journée. L’huile de truffe trop souvent proposée, laissait place à des lamelles aussi imposantes qu’un parasol de Hollandais, sur nos plages l’été. Nous étions véritablement gâtés par le terroir dordognais, et le savoir-faire d’un estimable sujet. Ce croque-là se mangeait assurément avec joie, mais aussi avec fourchette et non les doigts.

Mazette, avant de refermer cette radieuse parenthèse par un cheese-cake qui allait également me combler, je me devais de claquer une bise à mon ami afin de lui témoigner mon amitié, surtout, mais aussi du bonheur qu’il m’avait procuré. Aussi, ce dimanche-là, il n’était pas obligatoire de voir tout en noir sauf la truffe qui était devant moi. Je ne sais toujours pas trop sur quelle chaîne se trouve le bonheur, mais j’ai la sagesse de l’imaginer au milieu des chênes. Merci pour ce moment.
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