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Epicurisme autour des anchois de Cantabrie

Julien Fournier

Nous étions exactement dimanche dernier. Gabriel Attal était déjà premier ministre, le Dakar se déroulait et je m’en fichais comme de la république un royaliste, et pour ma part, je me sentais aussi bien qu’un trapéziste dans un cirque. Telle une mouche sur une belle bouse, je rayonnais dans cet univers qui n’appelait aucun blues. L’environnement qui accueillait le temps d’un week-end mon corps de criquet, semblait façonné pour que mon esprit soit libéré de mes émois passagers. En effet, plusieurs facteurs bienveillants m’entouraient pour que mes pensées rencontrent la légèreté. Vous ne seriez pas surpris, mes gluantes limaces, si je vous apprenais que la gamelle faisait partie de ces porteurs d’espoir qui m’accompagnaient. Entouré de grignoteurs de glands, je ne pouvais me sentir plus vivant. Je n’étais pas à Mykonos, mais à Salamanque, ville étudiante et cochonnaille conciliante.

Nichée à environ une heure de la frontière portugaise, la délicieuse abritant la plus vieille université d’Espagne est une aire urbaine rendant les gloutons à leur aise. Ainsi, il n’est pas rare en parcourant la campagne limitrophe, de tomber groin à groin avec des cochons qui donneront de la divine charcuterie, sauf catastrophe. Il est évident, que la destination n’est pas idéale pour le voyage de noce d’un couple touché par le véganisme. Les alentours, formés de pâtures en sous-bois clairsemés, laissent aux gorets le soin de s’alimenter entre les arbres, et confortent le végan dans son absentéisme. Nous étions bien ici à la Mecque du jambon ibérique, et bien plus encore, de coquineries terriennes frénétiques !

Notre escale, d’une durée de quatre jours, promettait à nos papilles du gras de bonne qualité. Comme dirait Casimir, notre séjour garantissait également des vivres et des chants. Certes nous partions mastiquer, mais aussi nous gorger plus cérébralement d’une culture que nous aimions tant. Il sentait à Salamanque, à la fois un doux parfum d’art et d’histoire, et d’ivresse festive. La journée, nous fixions dans les yeux les monuments historiques, en attendant la soirée et nos regards langoureux vers nos gin tonic. Mazette, que demander de plus lorsque l’on se nourrit en même temps le cerveau et le museau. Tiens, en parlant de ce dernier, quelques tavernes le proposaient, comme les oreilles ou la queue. Je conçois, mes asticots, que nous sommes sur des mets particuliers. Mais ne vous inquiétez pas, je mangerai votre ration avec grande passion. Tout n’est-il pas bon dans le cochon ? À ce stade, nous prenions la marche entre deux troquets comme des randonnées digestives. Et je peux vous dire, que le sherpa avait un buffet à faire pâlir les concepteurs de ralentisseurs routiers !

L’escapade touchait à sa fin, et nous avions un dernier dîner à honorer. L’appel de la marée se faisait sentir, reniflant depuis quelques temps la terre et ses présents. Après concertation, nous options pour une délicate ration d’anchois cantabriques, huilés comme un culturiste avant compétition. Le pain, outil primordial pour saucer l’huile d’olive aussi vierge qu’une bonne sœur, apportait la mâche supplémentaire à cette sensible proposition. Même à des centaines de kilomètres de la côte, ces petits poissons avaient la saveur intense, faisant d’eux des baigneurs ayant autant la cote. Chaque filet ravivait nos langues, déjà salées par trois jours de brave becquée. Si la finesse gagnait nos palais, il en était moins certain autour de la table, où nous continuions à débiter des bêtises avec autant d’aplomb qu’un sachant se pensant incollable (j’’en connais personnellement, et vous ?). Lorsque la dernière bête à nageoire attendait sa sentence dans sa marinade onctueuse, il fut légitime de passer mon tour avec la générosité d’un maraudeur, car surtout, j’attendais mon agneau de lait, mon futur bonheur.

Après quatre jours à sillonner la ravissante communauté autonome de Castilla y Leon, le retour vers le pays abritant le château d’Amboise, prévoyait un régime de soupes et de compotes de framboises. Bon, disons-le clairement, m’ayant effleuré une demi-seconde, cette résolution tombera à l’eau volontairement le soir venu. M’attendaient à l’appartement quelques lardons, qui danseraient suavement dans ma poêle de piètre marmiton. Si nous étions revenus plus pondéreux sur la balance de cet exode, la vadrouille, elle aussi, était lourde de sens. N’est-ce pas l’important ? Merci pour ce moment.
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