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Epicurisme autour du camembert rôti

Julien Fournier

Comment ne pas vouloir faire trempette dans cette oasis qui nous conte fleurette ? À la vue de cette circonférence fromagère, nos canines dansent et sont prêtes à fonctionner avec une précision horlogère. Diable, que le pelage de ce camembert promet une mastique dénuée de commentaires. Justement, l’appétit arrive et il faut l’assouvir croûte que croûte.

En approchant mon museau du divin gueuleton, l’envie me prend de tremper mon tarin dans ce coquin frometon. Un collègue de convivialité, jadis, me comptait toujours la même ritournelle, que le plaisir cocardier partagé était charnel. Le bougre voyait aussi juste qu’un jardinier apercevrait un arbuste. En effet, lorsque l’heure était venue de percer avec un fantasque quignon la carapace de cette alimentation, l’alchimie du bon se dégageait sans hésitation. Portée aux mandibules, la pâte molle se comporte en bouche avec l’assurance d’un funambule.

Plus le Normand était consommé et plus nos nombrils de nos troncs se détachaient. La sueur coulait de nos fronts avec le débit d’un ruisseau des hauts monts. Nos corps sculptés dans la bière subissaient le réchauffement climatique, devant ce casse-croûte nous donnant la trique. À l’horizon, quelques patates de joie, entouraient le lait de vache telle la cour enclaverait son roi. L’amidon se mariait célestement au fromage, avec la certitude qu’aucun divorce ne serait dans les parages. Nom d’une pipe en bois d’acajou, ma boîte à dire remplie d’amour nécessitait néanmoins glou-glou.

Le moment décisif d’appeler l’asticot à tablier arrivait, afin de lui suggérer de nous abreuver d’une bonne potion d’hospitalité. Il est inutile de préciser que brichetonner une source de calcium à croûte fleurie, a la même conséquence que de faire l’amour à un jambon de pays. Cela donne une soif d’éléphant, nécessitant des citernes de Madiran. Cela tombait à pic, puisque la tablée était garnie de gens certes bien élevés, mais avec un penchant pour l’alambic.

Au fur et à mesure que les convives barbotaient dans le camembert rôti, l’ambiance se détendait à fortiori. Nous pouvions observer les quilles de rouquin tomber avec la grâce de Neymar sur un terrain. Tandis que nos boudoirs salés étaient les ustensiles parfaits pour se passer la planche d’onctuosité, nous nous battions pour savoir qui allait chipoter le dernier tubercule rescapé. Bref, la pitance du jour s’apparentait à un réjouissant amour, que nous nous étions efforcés d’embrasser sans sommation mais avec délectation.

L’heure de se quitter approchait, et nos haleines de hyènes parfumaient nos bises appuyées. Nos palais anesthésiés par un baume grasset revendiquaient une pause bien méritée. Alors que nous décidions de nous avancer chacun vers notre terrier pour une sieste carabinée, il s’agissait dorénavant de rêver de ce sacripant camembert fermier.

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