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Epicurisme autour du boeuf bourguignon

Julien Fournier

Plat dominical traditionnel par excellence, le bœuf bourguignon n’a pour moi aucun jour dédié de pitance. Ce mets cocardier, d’une coquine texture agréable à mâcher, est un fleuron de ce que l’on pourrait appeler « Le bien manger ». Lorsqu’un nigaud doté d’un beau coup de trident, m’avait appelé afin d’honorer le bovin en sauce, il était dans mon esprit, et dans mon appétit, que j’allais répondre favorablement afin que le projet de mon ami s’exauce. Le sapajou souhaitait gobichonner un plat mijoté pour se réchauffer. En effet, un froid sibérien s’abattait sur le Pays basque, puisque ce midi-là, le thermomètre affichait 13°. Craignant la tempête de neige, nous étions dans l’obligation de garer nos traineaux pour aller se farcir la panse en cortège. Bizarrement, aucun ours polaire ne barrait la route, jusqu’à la porte de l’auberge où nous allions casser la croûte. Le paillasson enjambé, l’asticot, de par l’ambiance chaleureuse, battait la semelle avec moins de fraîcheur corporelle. Je me sentais à ce moment-là pris au piège de la sainte gamelle, que je devais assurément prier et non refuser. L’heure n’était plus au calcul, mais au dévouement de soi devant nos propositions qui nous mettraient en joie.

Carte en main, mon binôme de godaille me suggérait que l’on se fourre derrière le jarret une bête mitonnée. Je n’étais pas contre ce festin, à condition de préparer le terrain avec quelques os à moelle, sorte de gouttière pour chat meurt-de-faim. Quitte à brichetonner léger, autant charger la mule pour de vrai ! La commande passée, nous fantasmions sur l’estouffade de bœuf et sa préparation. Nous nous demandions notamment quel accompagnement se trouverait à côté de l’animal cuit en cocotte, et qui glisserait avec ce dernier vers nos glottes. Une chose était certaine, nous ne braquerions pas ces convoyeurs de bon, pour in-fine qu’ils finissent leur chemin dans nos colons. Allez, revenons à la réalité et léchons goulument nos rigoles de glouton.

Nos museaux luisaient d’un suc rabelaisien, héritage d’une entrée que nous avions bâfré avec l’entrain du mensonge pour un politicien. L’heure était enfin venue, de mettre sous les feux des projecteurs la spécialité bourguignonne que nous attendions avec excitation et ambition. Diable, nos écuelles se substituaient à des bassins pour jus de félicité. Le cornu, tendre à souhait, faisait trempette dans un bain de saveurs le corps nu. Sans grand mal, nos fourchettes permettaient d’effilocher le mâle, témoignant d’une flâneuse cuisson respectant l’animal. Que dire des gringalets lardons, se confondant en rempart médiéval autour du badaud amiral. Les coquins gorgés de gourmandise, apportaient sous la dent la sensation de paillardise. Les champignons, eux, complétaient la garniture aromatique avec la discrétion de ceux qui se placent néanmoins comme des titulaires automatiques. Enfin, comment pouvons-nous passer à côté des friponnes coquillettes, épongeant érotiquement le liquide de la préparation complète. Nom d’une pipe en bois d’acajou, la dernière bouchée prenait le temps de se reposer dans ma bouche, tirant la révérence d’un moment encore une fois peu farouche.

L’addition réglée de moitié, les bons cons faisant les bons habits, je pouvais retourner d’une foulée balourde vers mon automobile, qui allait ramener mon galbe devenu plus épais que celui d’un volatile. Aussi, je savais que le goût de la Bourgogne me poursuivrait jusqu’au prochain brossage de ratiches. Pour le moment, les quelques résidus dans ma barbiche étaient mes protégés fétiches. En définitive, ce déjeuner improvisé autour du bœuf fut une bienveillante idée, tant la région d’Emile Louis regorge d’appréciables mets.

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