Menu
Retrouve moi aussi sur

Votre plume gourmande

Edit Template

Epicurisme autour des huîtres

Julien Fournier

Dimanche dernier, lever compliqué aux alentours de dix heures trente pour cause de remise des clés de notre garçonnière de célibataires. Je tiens à rassurer de suite les compagnes de mes deux compères de galère, ils sucèrent certes beaucoup, mais c’étaient des glaçons en temps de canicule. On ne souhaitait pas que cette dernière nous… Après nous être concertés durant une demi-heure pour savoir qui allait se frotter en premier sous la douche, puis après avoir englouti une bouteille d’un litre d’Orangina tiède et sans bulles, nous nous trouvions face à notre destin, qui s’apparentait pour moi à un ultime festin. Accompagnés de nos valises c’est vrai, mais une malle empêche-t’elle de croûter mal ? Nous ne le pensions pas. Le moment était venu pour un ami qui me voulait du bien de prononcer, avec une voix éraillée de bar tabac ambulant, le mot huîtres. Le bandit voulait-il de l’iode pour rafraîchir son intérieur en cuite ? Cette brillante idée était validée dans la foulée, avec l’attente de jouir d’un petit-déjeuner fait de mollusques de qualité. Nous étions prêts à aspirer la marée avant de quitter cette belle ville de Lyon, épicentre des bienveillants du ventre. Nos chaussettes sales ramassées, mon dernier rot effectué dans la chambrée, nous pouvions nous diriger vers les halles Paul Bocuse. Comme dirait mon ami l’écureuil, allons-y, tout est dans la boîte à glands.

Je dois vous avouer, bande de saliveurs, ma satisfaction quant à la projection d’un gueuleton matinal salé, qui m’éloignait de cette dictature du croissant encore plus beurré que mon camarade hier soir. En effet, je n’ai jamais été un groupie du fameux continental, avec sa viennoiserie aussi molle que la branche d’un asexué, et son pain rassis. Ma préférence va à des coquineries aussi variées que les œufs, le fromage, la charcuterie, les crustacés, la pizza, la viande… Bref, ce qui me donne soif et donc l’envie de me lustrer la canine. Il était l’heure pour nous d’apparaître à la vitesse d’un escargot enrhumé dans ce hangar, qui laisserait tous les gourmands hagards.

Durant notre semaine gustative, nous avions eu le temps de tisser quelques liens, et donc détenir certaines adresses incontournables de bien-vivre. L’écailler que nous draguions ce matin-là, n’était pas un inconnu pour nos bidons loin d’être plats. Sans réservation, nous tentions une approche aussi fine que nos futures huîtres qu’inch’allah, nous dégusterions. Mazette, la flibustière nous trouvait rapidement un bout de mobilier, qui nous servirait également de table de chevet. Nous rêvions alors d’un petit quelque chose de pétillant et frais comme le vent venant d’un glacier. Trois énormes Perrier s’il vous plait ? Bien entendu, nous commandions également notre douzaine de Fines de Claire à la volée.

Fantasme depuis notre réveil, le plateau glacé pouvait se dresser devant nos museaux, pour devenir à cet instant-là, la huitième merveille de ce monde. Mon voisin de table, dont je tairai l’identité, les aime charnues la nuit. Croyez-moi que lorsqu’il s’agit d’huîtres, le galopin chérit le contraire, avec l’envie d’être avec les saveurs sur la même longueur d’ondes. Ce tête-à-tête avec les éléments aquatiques nous faisait perdre la tête, et de ce fait omettre les nombreuses potions festives biberonnées durant l’obscurité. Le léger mal de tête viendrait-il alors de la clim, ventilant aussi fort qu’un souffleur de verre à un concours de cendriers ? En tout cas, la mâchouille avait la compétence de nous rétablir de nos excès antérieurs. À la bonne heure !

Enfin disposés à mieux patienter avant notre train des airs, je suggérais cependant à mes acolytes de garder en ligne de mire mon envie de dessert. Les zouaves me rétorquaient du tac-au-tac que je n’arrêtais jamais. À mon tour de riposter sur la peur des carences alimentaires, au sujet desquelles je rappelais que les maux de tête en étaient un symptôme. Les nigauds me regardaient alors d’un air roublard, dont un se grattant le braquemart, pour m’affubler d’un propos plein de lucidité : « Ce ne sont pas précisément tes nombreux verres qui tamponnent ton cervelet ? »

Chroniques épicuriennes

Ton espace de convivialité

NAVIGATION

Liens Légaux

Retrouve moi sur

Site réalisé par Aranea