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Epicurisme autour de la table lyonnaise II

Julien Fournier

Je ne pouvais tourner ma page lyonnaise seulement qu’en vous contant une dernière fois une dégustation dans laquelle je me sentais à mon aise. Si pour les libertins, le Cap d’Agde est un véritable parc d’attrape-fions, la capitale des Gaules était un moyen pour mon estomac d’avoir une sacrée gaule. Cela fait quinze jours que je suis rentré, et je ressens encore les effets gourmands de mon escapade frivole. Inutile de vous préciser qu’à table je n’avais croisé que très peu de vert, ayant déjà rencontré pas mal de verres lors de mes randonnées nocturnes. Bref, j’avais plutôt emmagasiné des coquineries briochées dans mon urne. Si vous le voulez bien, passons à table pour le premier repas que j’ai su gober comme une professionnelle de joie.

Lorsque l’hôtesse de l’air arrivait à ma hauteur pour me proposer son sandwich faisant peur, je déclinais volontiers cette horreur avec la seule idée de me sustenter dignement à la suite de mon débarquement. Ma salive déjà liquide depuis un petit moment, je faisais surtout attention de ne pas baver sur les cuisses de ma voisine de transport. Même s’il y avait de la place, loin de moi l’envie de me comporter comme un porc. Plus le tarmac se rapprochait, et plus gobichonner de riches mets dans de riches lieux serait à l’évidence mon terrain de jeux. Le zouave qui m’attendait, avait d’ailleurs intérêt à ne pas avoir la bouche salée, par la coupable croûte de son vol low-cost. Amen, aucune miette n’illuminait son faciès d’Antillais décomplexé. Monsieur le Taxi, en voiture Simone, c’est toi qui conduis, c’est moi qui chantonne !

À peine le temps de jeter nos baluchons que nous nous dirigions vers notre premier lieu de perversion. J’avais potassé un peu les institutions orgasmiques entre Rhône et Saône, afin que le temps gagné soit une bénédiction pour nos dentiers. Mon acolyte savait pertinemment qu’il pouvait me suivre les yeux bandés pour détecter une auberge de bonté. Tant que ce ne sont que les yeux, cela ne me dérange pas de le précéder… La cible du soir était une affaire de famille, aussi mythique que Le Puy pour la lentille. Encore un théâtre où les nappes à carreaux allaient nous réchauffer le cœur et nous émoustiller, inch’Allah, les rouleaux. Il faisait chaud ce soir-là, très chaud. J’avais à peine ouvert la carte que mes pores étaient aussi dilatés que les pupilles d’un Jamaïcain. Je suintais comme un bon jambon, entouré de gens bons qui souhaitaient stimuler ma panse. Engageant !

Les menus étaient polissons à souhait, et la saison ne serait en rien respectée avec mon choix d’immonde goret. Le vermisseau à limonadier me confirmait que la fricassée de volaille au Saint-Marcellin était son péché favori. Vous êtes sûr ? Vous ne préférez pas comme tout le monde la luxure ? Bref, je ris, surtout quand je vis la tonne de riz qui accompagnait ma poularde dans sa piscine fromagère. L’assiette, le plat, tout était bouillant dans mon quartier de gourmand. Pourtant, la chaleur n’écrasait en rien ma peine quant à la délectation de mon souper. Je m’attelais à mettre des grands coups de cuillère dans chaque ramequin, pour que le plaisir soit encore plus coquin. Les gouttes sur mon front paraissaient une pluie divine, arrosant de passion mon idylle. Même si je savais que je n’allais pas finir, ce qui différencie la table du lit, j’estimais que ce n’était pas du gâchis. Grâce à la volaille, je me sentais heureux, et cela n’avait pas de prix.

Et pendant ce temps-là, vous pensiez sincèrement que le chenapan qui m’accompagnait allait se contenter d’un vulgaire abricot ? Ce gros cochon se boulotait avec conviction une belle tête de veau. Demandez au chat s’il aime le lait… La soirée commençait, vous l’aurez compris, sous le signe du romantisme. Nous ne savions pas encore dans quelle église nous allions prendre le biberon, mais j’allais personnellement éviter de souffler dans le museau des belles brunes que j’affectionne tant. Hormis si Guinness, je pouvais l’apostropher.

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