Menu
Retrouve moi aussi sur

Votre plume gourmande

Edit Template

Epicurisme autour de la carbonade flamande

Julien Fournier

Et si je vous disais, mes espiègles mulots, que jeudi soir dernier, mon estomac a sonné chez les voisins frontaliers. Je vous vois déjà d’ici, mes vigoureux vermisseaux, penser que j’ai gobichonné ensoleillé, à l’aide de coquineries ibériques. Vous me connaissez si bien… Sauf que par temps de pluie, j’étais invité par une bienveillante à me sustenter d’une manière consolatoire, et il faut bien le dire, boulimique. La nuit était tombée depuis plus d’une heure et demie, lorsque je pénétrais dans un appartement sentant bon le plat pays. Oui mes artichauts, c’était bien un fleuron de chez nos amis belges que je m’apprêtais à déguster. Mais attention, la vraie Belgique ! Celle qui embaume la Duvel tiède, faisant pisser même un individu souffrant de rétention urinaire. Ou celle qui savoure le cyclo-cross, comme un aveugle jouirait face une canne. Je ne parlerais pas de pédophilie, le second degré étant pour certains encore un ennemi. Bref, vous l’aurez saisi, je me trouvais sur le quai prêt à embarquer pour le pays flamand. Moins rose que son cousin de Camargue, il me promettait tout de même un plaisir flagrant

La chipie, chez qui ma croupe de volaille allait se poser, est une cuisinière chevronnée. Elle a la générosité du couteau éminceur, en somme, celle du cœur. Il est inutile dans ce cas-là d’être voyante, pour savoir ce dont quoi ma figure est aimante. J’avais juste comme consigne d’avoir faim, et elle avait simplement l’instruction de me laisser lui dire merci à la fin. La salicoque souhaitait me faire plaisir, c’est indéniable. En ouvrant le flacon de rouge qui aspirait à nous tapisser de volupté, je humais déjà la joie qui m’attendait. Devinez quoi mes bourdons futés, un pied de cochon débarquait devant moi afin d’ouvrir ce joli ballet. Mazette, mais qu’a-t-elle pu me faire par la suite, pour trouver encore plus grâce auprès de ma conduite. Une carbonade flamande à la bière ! J’étais alors aussi chanceux qu’un cheval devant sa cavalière.

Pour ce dépucelage culinaire, le bouton supérieur de mon pantalon en tweed gris se devait d’être défait. Nous sommes quand même sur de la mijote épaisse, dont le bœuf fut l’acteur rêvé. Ce dernier, petit coquin des prés, s’était fait bien braiser toute la journée. Cela détend forcément. La marinade, parfumée par les oignons en embuscade, enveloppait charnellement l’animal, découpé en morceaux. Diable, j’allais me mettre dans la sacoche le cousin belge du Bourguignon, avec autant d’entrain qu’un podologue devant un beau champignon. Lorsque l’assiette émergeait devant mon air émerveillé, la délicate brume frappait mes naseaux de gaieté. La fourchette suffisait à émietter le bovin, témoignage d’une tendreté que l’on appellerait tendresse chez les humains. J’en connais, que l’on effilocherait aussi facilement qu’un manchot attraperait un bout de pain. Revenons à ma carbonade. Mince, je n’en ai plus. Est-ce la roteuse d’Abbaye qui me demande d’éponger abondamment ma saucée ? Dieu soit loué, la marmite pouvait rassasier la résidence en entier. Oui je veux bien, merci.

La quille de rouquin, un gamay Vieilles Vignes, fut un accompagnant de luxe dans cette colonie de fragrance. Je savais implacablement que la table du soir était digne de confiance, mais je vais vous faire une confidence mes loutres, je n’aurais pas misé un écu sur le fait de repartir plus Flamand que je n’étais en arrivant. De là à clamer mon affection pour les gourmandises de la patrie de Jacques Brel ? Oui, c’est réel.

Chroniques épicuriennes

Ton espace de convivialité

NAVIGATION

Liens Légaux

Retrouve moi sur

Site réalisé par Aranea