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Epicurisme autour de la salade César

Julien Fournier

Nous étions jeudi, il était approximativement quatorze heures, et je venais de finir mon bol de salade. Ai-je vraiment la gueule d’un lapin ? Même s’il m’arrive d’en raconter quand cela me débloque quelques possibilités, je dois admettre que lorsque je dois l’ingurgiter, elle n’est pas bonne camarade. J’avais rendez-vous ce midi-là avec un très bon ami, afin de grignoter quelque chose de furtif sur la délicieuse ville transfrontalière d’Hendaye. Commune sans intérêts particuliers, mon acolyte avait tout de même dégoté une charmante petite adresse avec vue sur Fontarrabie. Sachez tout de même que se restaurer à Hendaye en regardant Fontarrabie au loin est aussi frustrant que dormir avec sa sœur. Bon peut-être pas pour les gens du Nord… Nous avons à coup sûr plus soif de traverser la frontière, que de nous endormir dans notre atmosphère. La priorité de ce déjeuner étant d’être avant tout réunis, il n’était en rien grave de faire marcher notre pays et son économie. Mon ami Poutine, ce bougre, aurait sûrement dit que nous étions comme des poisons dans l’eau.

L’auberge du jour léchait les murs du Décathlon local, surplombant le port et ses navettes fluviales. Dans ce petit quartier où le nautisme est roi, les gens se déplacent en paddle, et portent un maillot de bain dès que la température dépasse quinze degrés. Souvent blond, le chaland paraît n’avoir aucun souci, hormis quel Poke Bowl il va s’enfiler à la mi-journée. N’est-ce pas déjà un problème ? La populace se croisant dans les allées de ce joyeux air marin n’a qu’une question aux lèvres, il y a t’il des vagues ? Moi personnellement, quand j’avais passé le seuil de ce repère de rêveur, j’espérais surtout ne pas jouer au simple grignoteur. À l’entrée, l’établissement stipulait que tout été fait avec amour. Je n’en attendais pas tant de ces nostalgiques de Woodstock, ayant malheureusement plus de baies de goji que de côtes de veau en stock. Nous nous approchions de la carte à la craie, et la concentration devenait clé. Monsieur, c’est à vous.

Vous connaissez la sensation de sécher complétement devant un interrogatoire ? Ma langue paraissait couper lorsqu’il fallait se décider entre une salade grecque, un bowl balinais ou je ne sais quelle pitance d’homme léger. Soudain, je distinguai dans une vitrine réfrigérée quelques croûtons qui zonaient. Mais diable, que vois-je à côté de ces tétons dorés ? Du lard légèrement grillé se baladant au milieu d’un potager.

– Serait-ce une salade César ?

– Oui, avec sauce maison. Si vous en voulez un peu plus, venez me voir.

– Ooh, gardez-en pour ce soir l’ami.

À vrai dire, je me sentais chanceux d’avoir rencontré cette verdure du nom d’un empereur romain. Les meilleures rencontres, qu’il s’agisse d’une pâte d’anchois ou d’une femme sont teintées d’imprévus. On la regarde, on l’observe, on la découvre, elle nous plaît, puis l’obsession de la goûter devient évidence. La différence ici est que l’anchoïade laisse un goût de mer, alors que la jolie blonde a l’essence d’une mère.

Alors oui, il est venu le temps, non pas des rires et des chants, mais de vous avouer que je n’aime pas César uniquement dans Astérix. Dans un récipient, si les ingrédients font corps, alors pourquoi lutter contre ce mix. Un sentiment de plaisance, qui est tout sauf de la banalité, envahissait ce jeudi mon palais. Entre légèreté d’esprit et d’appétit, j’avais envie de susurrer à mon biquet :

merci pour ce moment mon poulet.

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