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Epicurisme autour de la raclette

Julien Fournier

Nous étions dimanche, il était dix-neuf heures, et comme vous j’étais devant Sept à Huit affalé tel un anchois sur un canapé beurré. Ma femme m’appelait, mais je n’avais pas la force de répondre, j’étais fatigué, lourd, et j’avais chaud. Un épidémiologiste respectable passant sur BFMTV déterminerait l’approche d’un virus nommé Covid-19, mais il n’en était rien. Cet éminent spécialiste n’avait pas les outils que j’avais à midi, les poêlons de cochon.

Je me sentais pourtant aérien au réveil de bon matin, avec une gaule prospère et l’aspiration de me rendre à notre invitation d’une démarche sincère. J’espérais secrètement que la raclette du midi en serait une citadine, chic et élégante. Malheureusement, j’avais de suite constaté que nous étions devant une proposition campagnarde, généreuse, grasse. En résumé, réconfortante. En louchant sur les différents plateaux, j’avais demandé à notre hôte si nous attendions encore du monde. Il m’avait répondu que non de façon étonnée. J’avais compris, et déboutonnais de suite mon pantalon pour être comme la raclette, confortable.

– « Moi ce que j’aime, c’est gouter plein de fromages différents, pas toi ? »

Plus mon ami parlait, plus je ressentais le piège se refermer. L’odeur du morbier me montait au nez plus vite que n’importe quelle moutarde. L’agneau ne connaitrait jamais sa maman puisque la brebis entière était tranchée sous mon nez. Le basque était bien bleu, d’ailleurs avant moi. Je n’avais même pas entamé ma panse, que déjà du bout des doigts, la crèmerie dégageait ses nombreuses fragrances. En tout cas, on dit que le fromage n’est pas conseillé pour les personnes hypertendues. Feu vert, on mastique !

– « Au fait, j’espère que vous aimez le caramel beurre salé pour le dessert. »

Ma première tranche de rosette arrivait juste sur mon palais que déjà, j’avais la confirmation que je n’allais pas ressortir de ce quartier fin comme un carpaccio. Les tissus vestimentaires commencent à s’imprégner de l’ambiance, et nous n’étions même pas au premier tiers de cette pitance. La chose la plus précieuse dans une raclette sudiste est de pouvoir aérer la pièce quand bon nous semble, sans se geler les valseuses. On ne va pas se mentir, nous étions loin de la raclette Alpine d’après ski, méritante, dans un chalet avec vue sur la vallée de la Chartreuse. Ici, il faisait quinze degrés, le gazon était aussi vert que du Get 27 et j’avais vue sur une tireuse. Apparemment le maître des lieux n’aimait pas la même potion qu’Astérix… Il était bientôt 15h30, l’heure déteindre l’appareil du diable.

– « Tu es sur, tu as fini ? »

J’étais certain de ma réponse après six patates (J’aurai préféré les avoir dans mon portefeuille), un jambon entier et un fromager avalé. Me voilà rassasié et prêt à consommer des litres d’eau sur mon canapé ! Quand ma femme se levait et me demandait « on y va ? », je dormais déjà.

Il est 19h02 sur TF1 et comme vous, je venais de tomber sur du Handball féminin. Et croyez-moi, après une raclette artisanale c’est vachement bien !

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