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Epicurisme autour du vol-au-vent

Julien Fournier

Mon meilleur ami étant dans le coin en ce moment pour un temps restreint, les propositions sont légion quand il s’agit de festins. Je ne dirais pas que j’ai une obligation de faire gonfler ma brioche, mais pour les retrouvailles j’ai toujours de bonnes adresses dans la poche. Mon compagnon hédoniste est de la caste des nouveaux Helvètes. Je ne sais pas si vous connaissez cette espèce, vantant excessivement les charmes de nos voisins pleins d’espèces. Il aime l’air pur que l’on retrouve là-bas, faisant de ses poumons un sanctuaire de pureté à faire déguerpir un fumeur longue durée. Puis, le sapajou passant maintenant ses journées en montagne à renifler l’Edelweiss, est devenu un adepte des pauses déjeunatoires au bord des lacs car la nature est richesse. Heureusement que le con ne vit pas dans le Connemara… Ayant trop de cheveux pour jouer à Monsieur Propre, sa visite au Pays Basque est l’occasion pour moi de salir un peu tout ça. Savoir faire des montres n’a effectivement jamais fait des monstres.

Quoi de mieux qu’un vol-au-vent pour voler au secours de ses pommes d’amour. J’avais en effet repéré dans ma ville de naissance un lieu coquin qui allait enchanter nos sens. Un endroit de type bistrot, où la chaleur ambiante n’est jamais de trop. Le jour de notre déjeuner, il pleuvait si dru qu’un géranium demanderait d’arrêter de se faire arroser. Nous par contre, nous avions décidé de nous canonner un bon vieux Marmandais. Il vaut mieux avoir les dents violettes à l’abri qu’avoir un ciré et une épuisette sous la pluie ! (Je ne vais pas vous dire que c’est du Baudelaire, vous ne me croirez pas. Donc je vous le dis, c’est de moi.)

Notre prologue gustatif s’était tourné vers la suggestion du jour, sorte de croûte cylindrique à donner la trique pour toujours. La friponne croustade renfermait un trésor, dont un coup d’œil furtif nous laissait imaginer le kiff. Rajoutons que l’onctuosité qui garnissait la pâte feuilletée était un appel à l’amour de la douce becquée. Le capitonnage se formait d’un jouissant mélange de ris de veau et de champignons, idéal automnal à contempler avant de le pignocher. Et ce n’est pas Augusto qui va me désavouer…

Plus nos températures corporelles augmentaient et plus notre repas se passait, à moins que ce soit le contraire. Les effluves d’amitiés recouvraient nos nez d’œnologues, que nous avions de toute manière bouchés. Ce n’était en rien handicapant, car si nous étions des chiens truffiers, j’ose espérer que nous serions au courant depuis un moment. Que dire de ces résidus de mon entrée, logés dans ma moustache si confortablement qu’ils paraissaient envelopper dans un duvet réconfortant. Et puis, quel panard de beugler au patron que quand son cuistot se bouge le fion, c’est si bon ! Le tout en s’essuyant le poil plus ou moins long d’un geste de la serviette franc…

Mon frère et moi aurions pu programmer une entrevue face au vent ce jour-là, mais faute d’aimer l’humidité autant que les escargots, c’est au chaud que nous avions bien fait d’opter pour cet épatant vol-au-vent. Continuer notre chemin gustatif sans nous retourner sur nos soucis était définitivement la voie à prendre, issue directe pour que la vie nous sourie. Le met d’après se devait d’être revigorant, comme les prémisses de notre événement. Dans l’assiette comme dans la vie, nous décidions alors de poursuivre le sentier selon la même envie, une belle blonde d’Aquitaine ! Etant pour ma part plutôt brune, il me tardait d’aller chatouiller ma belle béarnaise afin de savoir si elle ne comptait pas pour une burne. Dans le cas contraire, je savais pertinemment que mon couteau suisse ferait son possible pour éviter que la sauce ne me monte au nez, trop inquiet de perdre notre bonheur partagé.

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