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Epicurisme autour de la Carbonara

Julien Fournier

Je me suis retrouvé un soir de la semaine dernière à broyer du noir, et comme je ne suis pas Colombien, ce n’était pas du café mais une perte d’espoir. Ce goût amer qui envahissait mon palais m’était désagréable et en rien comparable à celui que j’apprécie tant d’un bon gibier. N’étant pas plus savant qu’un autre, mes interrogations lointaines me firent torturer le savon de mon lavage de mains, pensif, en me demandant quelle serait la clé de cet écrou dépressif. A peine le temps de se sécher les mains que vibre dans ma poche ma future destinée. L’appel provenait d’un compatriote d’un village voisin, préférant la gamelle que le gospel. Chantant moi même aussi bien qu’une casserole rouillée, cela me convenait et il était pour moi l’heure de décrocher.

Vous savez, le bon copain, c’est celui qui vous tend la main. Le bon ami, lui, vous tend la même chose avec des morceaux de Pancetta entre les doigts. M’échapper de l’appartement était déjà nécessaire, mais je n’aurais jamais cru le faire avec un sourire porteur d’une lumière comparable à Lucifer. Imaginez un instant que l’on annonce à un escargot qu’il va pleuvoir, son regard sera alors comparable au mien sachant que j’aurai le privilège d’entrevoir des pâtes à la Carbonara. Comment m’émouvoir plus qu’en me faisant mon plat adoré. A ce moment là, je ne savais pas de quoi le lendemain serait fait, mais j’avais la conviction de parsemer mon présent de parmesan. Ce classique dans l’univers de la pâte a depuis toujours remporté le suffrage du bonheur à mon regard. Parler de pornographie culinaire n’est pas usurpée avec comme acteurs principaux de beaux morceaux de lard. Mon camarade de soirée m’avait fait la promesse de tutoyer les sommets grâce à la recette italienne laissant la crème de côté. Malgré qu’il ne fasse pas du neuf, je compte bien avoir l’occasion de le féliciter lorsqu’il déposera délicatement l’œuf dans sa coquille. Mon hôte est prévenu, me remonter le moral par la ceinture abdominale est une mission sérieuse et j’espère secrètement, « grass..ieuse ».

Mon camarade de soirée m’avait fait la promesse de tutoyer les sommets grâce à la recette italienne laissant la crème de côté. Malgré qu’il ne fasse pas du neuf, je compte bien avoir l’occasion de le féliciter lorsqu’il déposera délicatement l’œuf dans sa coquille. Mon hôte est prévenu, me remonter le moral par la ceinture abdominale est une mission sérieuse et j’espère secrètement, « grass..ieuse ».

Mon camarade de fourchette avait prévu une entrée légère pour cause de plâtrée dans la foulée. C’est ainsi que nous engloutissions un pâté en croûte à la volaille, avec le sentiment de ne jamais manquer. Juste le temps pour moi d’aller uriner au fond du jardin, et me revoilà nez à nez avec une poêle garnie de poitrine fumée. J’ai cru voir un volcan Auvergnat, tant la forme du tas était aussi ronde qu’élevée.

– « Super, mais tu sais que nous ne sommes que deux ? » – « Oui, mais tu adores ça ! »

Aussi généreux qu’un bénévole d’une ONG en Afrique celui-là ! En tout cas, il est acquitté de tout reproche lorsque je vois l’application qu’il met devant moi. Son tablier moulant sa propre Pancetta le rend attendrissant et présage une excellente suite de repas. Mes soucis étaient à ce moment loin, masqués derrière ma faim. Vous l’aurez remarqué, je n’ai aucunement l’appétence à vous narrer une quelconque recette théorique, mais plutôt à mettre en relief un événement d’une puissante jouissance gastronomique. Le chenapan voulait me rassasier tel Picsou dans une piscine de billet.

Il est bientôt l’heure de débarrasser puis d’aller se coucher. Nous sommes toujours aussi pauvres du porte-monnaie, mais la richesse de nos panses compense notre manque à gagner. De plus, nous savions pertinemment que la rusticité de notre ensommeillement serait un frein à un roupillon de bébé. Afin d’imager, nous étions plus sur un coma de routier, bruyant avec parfum intégré. Le partage du lit avec mon confident du soir clôture mon passage dans son antre m’ayant servi d’échappatoire. Malgré que ma truite restait dans les eaux troubles de ma situation, mon grain de poivre coincé entre mes dents épiçait encore un instant ce doux moment.

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