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Epicurisme autour du risotto à la Saint-Jacques et truffe

Julien Fournier

Je me suis retrouvé attablé le week-end dernier avec mon habituel appétit de carnassier. Nous étions dimanche, et le ciel était aussi clair que le pipi d’un déshydraté. Il pleuvait assidument, et le plafond était aussi bas que chez un couillon. La seule activité que nous pouvions donc faire était de se sustenter gaiement, en attendant un temps plus clément que nous n’espérions pas forcément. Viens par ici gredine, voir si la croûte est divine ! J’avais anticipé le coup, en réservant deux strapontins dans une auberge de Saint-Jean-Pied-de-Port. Habituellement garnie de pèlerins et de touristes en quête d’authenticité, la bourgade est également bordée de petits troquets où la boustifaille est hospitalière. Le terroir y est sincère, et la cafetière familière. En somme, pour les aspirants d’un instant moléculaire, mieux vaut reprendre ses études de chimie. Ici, le produit ne part pas en fumée, puisqu’il est tant aimé. Rentrons, j’ai les extrémités mouillées.

Ce que j’affectionne particulièrement lorsque je réserve une table arrivait alors. Une avance calculée, nous permettait de patienter contre un zinc d’une belle beauté. Étant généreux à ces occasions, nous pouvions jouir de 30 minutes d’apéritif, sorte de joyeux ouvre-appétit. Je savais alors que le blanc allait tapisser mon intérieur, tel un décorateur cherchant mon bien-être. D’ailleurs, l’asticot derrière le comptoir ne se trompait pas sur les quantités de liquides que nous étions prêts à pitancher. Il lisait dans nos regards le souhait de nous abreuver avec dévouement. Pas de chips ni de cacahuète à l’horizon, ce serait bien trop dommage de poser nos fions avec une alcoolémie raisonnée, alors que nous pouvons être à moitié dans le torchon. À tab…Pardon j’ai le hoquet. À table !

La pluie redoublait d’intensité à l’extérieur, alors que le bruit recouvrait mes pets à l’intérieur. Nous avions la vue sur les jolies cuissons proposées à la carte, surveillées par un homme au tablier, semblant se sentir aussi bien qu’un nostalgique dans les rues de Nuremberg. La carte, juste apportée, promettait des coquineries réconfortantes. Les assiettes nourrissantes, passaient devant mon museau avec des expressions aguichantes. J’avais repéré une souris d’agneau, que j’ambitionnais de prendre par la queue pour la gobichonner tel un audacieux.

Mon accompagnatrice, elle, jetait son dévolu sur des friponnes Saint-Jacques. Les souveraines étaient recouvertes de lamelles de truffe, aussi désirables qu’une bouteille de vodka pour un polaque. Caramélisés dessus, les coquillages nacrés semblaient se dissimuler sous un toit d’ardoise, comme par pudeur ou par peur de se faire ripailler avec ardeur. En tout cas, vu l’excitation que mettait la bougresse dans sa mastique, la cantine avait l’air plutôt fantastique. Elle ne parlait plus, ou émettait simplement des bruits de délectation. Entre deux mâchouilles de mon jeune mouton, je ne loupais rien de ce spectacle du bon. Lorsque la polissonne me portait à la bouche une abondante fourchette de son précieux mets, je ne faisais pas le farouche pour aspirer l’ensemble comme une professionnelle à gros bonnet. Diable, quelle délicatesse dans mon avaloir ! Le champignon noir donnait un goût délicat à la godaille, sans prendre le pas sur le reste de la smala. Bravo au popotier, nous y reviendrons avec gaieté.

L’heure de la crème brûlée avait sonné, et avec elle, le sentiment d’avoir boulotté dans un lieu véritable. La qualité de notre déjeuner était au rendez-vous, avec la quantité suffisante pour faire de nos panses des tanières bienveillantes. Dorénavant, que pouvions-nous faire par ce temps désagréable, hormis visiter une taverne dans laquelle le gin tonic serait indémodable. L’absence de musées ouverts nous laissait amers, mais heureusement, nous serions consolés par la bistrotière. Allez, ouvrons le parapluie direction le joyeux abri.

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