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Epicurisme autour des restes de Noël

Julien Fournier

Avec les fêtes de Noël, l’avantage ne réside pas comme nous pourrions le croire dans les traditionnelles retrouvailles familiales, mais bien dans les restes alimentaires peuplant le frigo de sa mère. Je crois personnellement que nous pouvons rester insensibles devant un vieil oncle que l’on ne peut pas se sentir malgré un nez débouché ou devant la grand-mère restante qui dans son esprit n’arrivera jamais à la cheville de celle dont l’étoile brille. Mais comment demeurer de marbre face à la farce de la veille, ou les os de la pintade demandant seulement une chose, se faire sucer autoritairement. Lorsqu’après deux jours de festin de prince Saoudien nous ouvrons le magasin frigorifié, l’émotion est telle que nous nous comportons comme un addict aux jeux en vacances à Las Vegas. Les étoiles plein les yeux, nous sommes tétanisés par la beauté du paysage, ne nous permettant pas dans un premier temps de toucher quoi que ce soit. J’ai bien dit dans un premier temps…

Soyons tout de même francs, ce n’est pas la faim qui nous pousse à pêcher goulument. La peau de nos joues est grasse, brillante, remplie de saindoux coulant de nos pores aussi ouverts que les cuisses d’une cousine du quartier rouge d’Amsterdam. Mais que faire devant la tentation d’une subite gourmandise, nous poussant à élever encore notre taux de cholestérol même si nous sommes avertis que c’est une bêtise. La peur du bilan est loin, ce qui nous pousse à être un coquin du lendemain. Le galopin que je suis s’est de suite amouraché pour les tranches de foie gras qui se trouvaient dans la partie basse de la caverne froide. Le canard caillait, et cela me faisait de la peine. L’envie de le réchauffer de mon haleine de poney devenait ma priorité.

Elles étaient belles et franches ces portions de palmipède, suffisamment calibrées pour faire rêvasser les canettes de France et de Navarre. Le mangeur de foie gras par définition pourrait en rousiquer matin, midi et soir. Il n’est jamais rassasié, il n’en a jamais marre. Faisant partie de cette caste d’avaleur de bonheur, je me sentais privilégié d’avoir le droit à ce tête à tête friand, que j’allais appréhender avec un certain élan. Ayant dans la carafe le cauchemar du chaland qui étend son foie sur son pain, ce sont des compacts blocs qui feront foi dans ce moment d’épicurisme soudain. Personnellement, je trouve que les individus prenant le foie gras pour du Tarama sont un danger qu’il faudrait dénoncer lors de la prochaine campagne de la sécurité fermière.

– « Quand on a du foie gras, on ne l’étale pas ».

Que les restes sont bons quand ils sont gobichonnés sans raison. J’étais entrain de me mettre de la gave ras la casquette, avec comme arrosoir un petit vin Héraultais qui finira de me mettre en sucette. J’exprimais gastriquement ce qui ressemblait à un concert d’instruments à vent. J’étais tellement dans le ton que le désir de me mettre des chants corses dans les cages à miel montait quand un con venait de descendre les escaliers pour me demander :

– « Mais tu as encore faim ».

Vous la connaissez cette personne qui aime que vous calquiez votre régime sur le sien ? Elle aime marcher sans but après la ripaille en vous disant toutes les deux minutes que les excès faits ne sont pas des détails. Pour moi, c’est tout sauf un détail de l’histoire, pour les restes…

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