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Epicurisme autour de la tête de veau

Julien Fournier

Mon week-end dernier était magnifié par un repas traditionnel prévu de longue date le samedi midi. Ce projet gourmand avait pour but de passer un agréable moment autour de notre passion commune pour la sincère becquée et pour le frais sancerre. Je décidais alors de m’installer face à mon paternel, lui aussi adepte d’une cuisine charnelle et généreux quand il s’agit de s’en mettre ras la gamelle. Sur ma droite, ma divine volaille apportait l’élégance qu’il manquait à cette tablée de porcinet. Elle comprenait également assez rapidement qu’elle devait supporter les gloussements intempestifs de son amant.

Lorsque l’employée à tablier de la maison arrivait pour prendre la commande des entrées, notre emplacement était toujours chauffé à 31 degrés et nous avions quasi déjà tous une belle dose de blanc dans le cornet.

– « Ne vous inquiétez pas, le soleil tourne bientôt. »

Cette phrase sonnait comme un espoir pour l’assemblée, qui dégoulinait non pas d’eau bénite mais d’une suinte unique. Prendre l’apéritif sous un astre de plomb est une expérience qui colle au corps, nous pouvons le dire indiscutablement. Les tétons sont de sorties, paraissant vouloir transpercer nos habits tel Philippe Sella voulant pénétrer le moindre espace durant ces belles années Agenaises. Heureusement ici, les pruneaux poisseux masculins souhaitaient rester caché, sans se montrer à la fournaise.

Il était dorénavant l’heure de la prise des menus. Petit, je pensais naïvement que des ogres poilus allaient débarquer et enlever de table toutes les personnes menues. De ce fait, je n’aurais d’ailleurs jamais mangé. En prenant de l’expérience, je comprenais que le lever de doigt à l’appel d’une denrée est un reflet de la personnalité, que l’on soit menue ou enveloppé. Mon père et moi options pour un os à moelle en prologue puis nos chemins se séparaient pour la suite. Un agneau de sept heures m’attendait quand mon coquin de géniteur rendait hommage à Chirac avec une tête de veau sauce gribiche. Un repas de saison quoi…

S’arrêter sur la pâture de mon fabriquant n’est ni plus ni moins que s’attarder sur un totem de la gastronomie de notre pays. Fabuleux emblème de l’art gustatif de notre contrée, ce met n’a de dégoutant que les jugements de ceux pour qui il est étranger. Si jadis notre corrézien à long nez le tenait en respect, c’est bien qu’il a quelque chose d’hospitalier. De plus, j’étais personnellement heureux de voir cet individu me ressemblant gueuletonner avec enchantement ce qui pour lui est bonheur. Je sais que la tête de veau est sa religion de cœur. Le margoulin était à l’aise, tenant de la main gauche son contenant à gribiche aussi gracieusement que l’acteur principal du film « Ali baba et les quarante gauleurs » le faisait avec sa piche.

Je ne sais pas si ce veau avait dans une époque pas si lointaine la tête sur les épaules, mais assurément l’avoir dans une écuelle lui va à merveille. Sa trombine blanchie à souhait faisait penser à celle d’un Finlandais voyant autant le soleil que moi la trinité. Mais pas de panique, il ne faut surtout pas la gobichonner bronzée. Les quelques patates et carottes, sorte de discret verger, venaient en bouche caresser le palais tout en mettant en relief la viande de sa majesté. Si les nombreuses confréries de France mettant à l’honneur ce repas regardaient depuis une tribune mon père, elles le nommeraient de ce pas jouisseur. Vous me direz, il vaut mieux ça que d’avoir une tête de veau.

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