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Epicurisme autour des lasagnes

Julien Fournier

Heureusement, se bloquer le dos n’endigue pas l’envie de s’alimenter assidûment. Si je veux bien accueillir la lombalgie avec générosité, je souhaite surtout que la douleur ne me fasse pas trépaner devant une belle bouchée. Je me devais, ce vendredi, de vérifier mon aptitude à m’alimenter même raide comme un foutu piquet. Courbé comme la tour de Pise en milieu de semaine, je comptais redresser le tronc, afin de gobichonner le meilleur médicament qu’un savant peut prescrire, des lasagnes 100% italiennes. Vas-y Mario, masse-moi les lombaires avec brio !

En période de tempête météorologique et physiologique, la recherche de quiétude ensoleillée devient une quête énergique. Il fallait de la sympathie en avalanche, de l’abondance, et des accents aussi chantants qu’un rossignol au bout d’une branche. Vous l’aurez compris mes agneaux de sept heures, nous n’avions pas mangé scandinave. En effet, j’avais dans la caboche depuis un petit moment, le projet de me sustenter chez un Sarde, au Pays basque, échoué. Le galopin s’appelait Mario, vous me direz, il ne va pas s’intituler Magnus ce doux pizzaiolo. Aussi, résumer ce Sudiste à la pizza sera réduire un diabétique à son amour du chocolat. Le bipède de la botte proposait une carte complète sentant bon la dolce vita. Attention, des authentiques plats et non des classiques du « viens il n’y rien, on déjeune là ».

En rentrant dans cette ambassade transalpine, les effluves divines télescopaient nos désireuses bobines. Nous léchions un linéaire d’épiceries fines en attendant notre table, ce qui rendait l’instant encore plus enjouant. Les produits venaient de l’autre côté, et les ragoûts sortaient de la cuisine avec la motivation d’un syndiquais pour bloquer. Lorsque notre tour approchait, mes gênes dorsales s’amenuisaient à la vue d’un pesto de Gênes. Diable ! m’exclamais-je, mon accompagnatrice surveillait aussi cet excitant manège. La polissonne, je vous le dis mes juteux brugnons, aime la gamelle comme un portugais la truelle. Aussi épaisse qu’une crevette décortiquée, je la soupçonnais de mettre la mangeaille par-dessus le chignon élevé. Nous règlerions cela devant nos plats, que nous venions de commander à l’aide de nos langoureuses voix. Lasagne, tu seras ma véritable compagne. En forme de feuilles rectangulaires, ce délice natif du centre-sud de l’Italie est un mets que trop peu je promeus comme colocataire. Seulement, à chaque fois c’est la même messe. Lorsque je plante mon trident entre ces couches rêvées, mon existence se remplit instantanément d’allégresse. Nous parlons tout de même mes truites fumées, d’une ancienneté originaire de l’Antiquité ! Ce vendredi, dans mon récipient chauffé à blanc, le bonheur était tout près. On ne parlait pas de bolognaise ici, mais de ragoût de viande de bœuf. Et croyez-moi que pour un descendant de Léonard de Vinci, ce langage se nomme tout bonnement, stricte prophétie. Nous avions bien pris quartier dans un pavillon de Campanie, et non dans une des multiples auberges ressemblant à une pâle copie. Et puis, lorsque l’asticot servait avec son dialecte méditerranéen, comment ne pas succomber à cette gastronomie qui a du sacré chien. L’heure de retrouver mon coussin se dessinait, quand je sentais mes lombaires un peu trop tirées. Rester assis trop longtemps n’étant pas la meilleure idée, je m’enfilais mon café avec la détermination d’un capitaine devant un crochet. Et même si la pénétration allait être douloureuse, l’automobile de ma camarade serait joyeuse de transporter une panse alimentée par une lasagne cajoleuse. Grazie Mario.
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