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Epicurisme autour des cèpes grillés et jaune d’oeuf

Julien Fournier

Un des avantages à traverser la frontière est de pouvoir trouver des produits tout au long de l’année, avec une relative facilité. Ne parlant ni de cigarettes, ni de pipes, vous vous demandez bien ce que je peux aller chercher là-bas, qui puisse me faire saliver comme un veau et qui justifie la consommation d’essence à fort prix. Dirigeons-nous vers une institution du goût, dans les faubourgs de la ville de San Sébastien, le Las Vegas du tapas. Je peux vous assurer que même si elle suce, ma voiture n’a jamais de mal pour m’accompagner dans ces lieux de bonne fricasse. D’ailleurs comme dirait mon ami boulanger, même bourrés nous y arrivons toujours in-extremiche. Alors, je vous propose mes zouaves de vous conduire dans cet endroit où le cèpe est aussi présent que la dette chez les républicains. Ne vous inquiétez pas, ici rien à rembourser, juste à déguster.

Lundi soir dernier, le marathon des naissances continuait avec l’anniversaire de ma mère. La gredine n’ayant pas fait un jeune glouton par hasard, il fallait trouver avec mon père une pitance des grands soirs. Vous savez, ma maternelle est la fameuse personne qui vous dit après un banquet de goret « Bon demain j’arrête ». Je ne l’ai personnellement jamais vu arrêter. Les pisse-vinaigres diraient qu’elle ne tient pas ses promesses, les amants de la vie souligneraient sa soif d’envie et d’allégresse. Nous avions donc opté pour un établissement réputé, que la gourmande aime fréquenter. Je ne vous cache pas que cela nous arrangeait aussi de nous collationner sous ce toit de joie. En voiture Simone, c’est toi qui conduis, c’est moi qui klaxonne.

La carte ouverte devant nos truffes expertes, le cèpe est partout. C’est simple, sous deux formes en entrée, puis en accompagnement d’une suite faite de tendreté. Le champignon est tellement présent que l’on serait tenté de croire que l’auberge est tenue par des podologues. Incroyable mais vrai, les sous-bois étaient ce soir à notre portée. N’étant pas obligatoire de pratiquer le plus vieux métier du monde pour aimer le cèpe, ma génitrice choisissait en prologue de son gueuleton des lamelles automnales juste grillées, avec un œuf dont le jaune promettait de dégouliner. La chipie élisait son souper avec l’aisance de celle qui savait par où aller. Essayant d’être une progéniture accompagnante dans les mauvais, mais surtout les bons moments, je me résolvais à prendre la même becquée. On n’est jamais trop quand il s’agit de se faire du bien aux chicots !

Approchez-vous que je vous susurre à l’oreille que même si je ne suis pas décorateur, j’avais tapissé comme un chef mon intérieur d’un brave Marqués de Riscal. L’attente du met était agréable, tant les raisins de la Rioja Alavesa paraissaient avec nous si audacieux.

Tu en reprends un peu maman ? Devigne !

Nos vaisselles arrivaient alors, d’un blanc à faire pâlir un suprémaciste, donnant aux cèpes le contraste qu’ils méritaient assurément. L’élégant équilibre visuel était bienveillant avec nos pupilles et nous priions pour que les saveurs caressent nos papilles. N’attendons pas plus longtemps pour y mettre un coup de trident !

Au premier coup de mâche, la table se souleva. Et croyez-moi, ce ne sont pas les esprits ! Diable, que cette pitance me fait gauler sans aucune intermittence. Le léger croquant du divin des bois, assaisonné d’un désir aillé, dansait langoureusement avec ce torrent jaune de vitamine D. Le spectacle en bouche valait le détour, et pour rien au monde je n’aurais passé mon tour. Ma fondatrice avait déjà fini son écuelle, et vu son sourire, ce n’était pas un supplice. « C’est bon avec un œuf comme ça hein ? ». Demande au chat si il aime le lait…

Mais au fait, c’est vraiment la saison des cèpes ? Vous savez, il n’y pas de saison pour les cons, alors les champignons…

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