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Epicurisme autour de l’oeuf fermier poché en salade et lardons

Julien Fournier

J’avais décidé dimanche soir dernier d’attendre au moins une bonne semaine avant de retremper mes lèvres dans une soupe alcoolisée. Manque de chance, lundi sur les coups de quatorze heures, une chartreuse glacée venait me tapisser le gosier. N’incriminez pas le tenancier de l’auberge dans laquelle je me sustentais, mais plutôt mon mental de crustacé. Je n’avais effectivement pas pu résister à boire un verre de ce liquide charnel, d’un médicamenteux vert. Et puis comme dirait mon ami fromager, ce qui est brie est brie. Quand on vous tend la main, encore faut-il la prendre non ? C’est la même chose avec un flacon de plantes Alpine. Mais revenons plutôt au prologue de ma nouvelle aventure gastronomique, entre chaleur accablante et béarnaise emballante.

Le rendez-vous était pris avec un compagnon de croûte, que j’affectionne particulièrement pour son engagement devant un rond de serviette. Ce broutard à deux jambes est passionné de fricasse, qu’il consomme sans en laisser une miette. Dieu merci, nous pouvons encore choisir nos amis. Notre lieu de perversion calorique se trouvait être la terrasse d’un coquin bistrot luzien, sorte de repère de bonne chair et de gens heureux de rien. Le chef d’orchestre de ce théâtre du goût est une patte, connaissant les filouteries de ses gloutons de passage, tout en gérant divinement son coin. Vous commencez à comprendre le coup de la Chartreuse…

Il faisait chaud lundi, malgré le parasol qui nous servait de toiture durant ce moment qui s’annonçait tout sauf dur. Mon ami avait une chemise en lin qui le faisait suinter tel un bon jambon ibérico. Et cela me donnait faim ! Mon plat sera une entrecôte, avec une belle béarnaise que je comptais prendre en bouche avec la conviction d’un homme de passion. L’onctueuse sauce allait parfaitement se mêler à la moiteur de la journée. Sous environ vingt-huit degrés, le choix de la becquée peut paraître osé, mais nous représentons les ripailleurs grassouillets, c’est acté. Et puis, ne sommes-nous pas des gens de défis et non de dénis ? Le changement est loin d’être maintenant. Bref, il me restait plus qu’à savoir ce que j’allais gobichonner avant ma blonde d’Aquitaine, qui m’attendait telle une reine.

Comme je vous l’ai précédemment appris, je me trouvais dans une adresse de type bistrot, avec ce que cela comporte d’entrées délicieusement ficelées. En lisant la carte, j’avais comme Johnny, l’envie d’avoir envie. C’était écrit que l’heureuse élue serait une belle frisée aux lardons, tant les petits morceaux de cochon me procuraient des érections à chaque fois que nous nous retrouvions. Les bougres étaient dorés à souhait, déjà bronzés comme s’ils revenaient de quinze jours à Papeete. Et que dire des croûtons, essayant de se cacher malicieusement dans la verdure pour mieux essayer d’éviter la belle morsure. Je gueuletonnais ma salade avec dynamisme, et il est vrai, avec un peu d’impatience de percer le mystère de l’œuf poché. J’imaginais le jaune convoitant une sortie incessante, afin de laisser couler libidineusement sa substance dans mon écuelle. J’en ai des spasmes, nom d’une pipe en bois d’acajou ! Il suffira non pas d’un signe comme prétend Mr Goldman, mais d’un léger coup de fourchette pour que notre rétine soit à la fête. L’exquis nappage faisait alors le lien avec l’ensemble des textures de la gamelle, tel un éducateur de gauche pensant que tous ensemble la vie serait plus belle. La réussite revenant par-dessus tout au cuisinier.

L’impasse sur le dessert assumée, voilà que le patron ramenait donc sa fiole d’amusante potion. Un vrai druide de quartier ce trublion du bon ! Il était lundi bien entamé que je me promettais alors de ne plus m’abreuver de pousse-café jusqu’au week-end d’après. Problème, j’aime trop le café.

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