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Epicurisme autour de l’oeuf mimosa

Julien Fournier

Si nous sommes loin d’être à notre aise, lorsqu’il s’agit de différencier un Taiwanais d’un Japonais, la même problématique s’impose entre l’œuf mimosa et l’œuf mayonnaise. N’y voyez aucun racisme, mais plutôt un constat. Pourtant, un marmiton pédagogue vous expliquera volontiers la diphtongue entre ces deux entrées adorées des Français. D’un côté, le classicisme de l’œuf mayo, avec son onctuosité nappant l’ensemble des gamètes dures, coupées en deux de façon sûre. De l’autre la modernité du mimosa et son jaune d’œuf cuit et expulsé de son foyer, pour être émietté, puis parsemer nos écuelles d’un sentiment printanier. Mais il y a tout de même un dénominateur commun à ces mythes cocardiers, le plaisir non dissimulé de gober avec excès ces délices bistrotiers.

Mardi dernier, l’heure du déjeuner approchait, et j’avais la mission de trouver un théâtre gourmet pour un anniversaire enjoué. Pour être franc, peu d’adresses étaient encore vierges de mon passage, et je comptais ce midi-là faire essayer à mon invitée un lieu que je sentais de bon présage. L’endroit promettait un cadre idyllique, ce qui m’émerveillerait seulement si l’assiette me coupait la chique. Lorsque que l’on aime sincèrement la mangeote, des murs végétaux ou des lustres monumentaux n’effaceront jamais une gamelle qui picote. Nous le savions, mais avions la certitude de nous avancer vers un tour de main estimable, tant les recommandations avaient alerté mon amour de la table. Vivement la sainte lecture, qui nous guidera vers des émotions futures.

Nos croupes de faisan bien ancrées dans l’espace à manger, une gentille polissonne venait nous compter ce qui allait nous faire saliver. La bougresse mentionnait un coquin menu, dont l’œuf mimosa était le préambule. Diable, n’y a-t-il que les jardiniers qui peuvent s’émouvoir face à la flore ? Heureusement, il n’y a pas besoin d’avoir un sécateur à la ceinture pour jouir de fleurs jaune d’or. Mon invitée et moi, prenions la sage décision de vouloir connaître ce que la poule avait dans le troufignon. En avant Simone, c’est toi qui conduis, c’est moi qui klaxonne.

Nos entrées arrivaient à peine sous nos nez, que l’appétit était aussi présent qu’un morpion sur les roustons de mon tonton. L’assiette tenait la promesse d’un jardin rafraîchissant, dont j’aspirais à être le responsable des espaces verts assurément. Le jaune d’œuf, parsemant allègrement la verdure, ressemblait à du pollen matinal sur ma voiture. Le blanc des ovoïdes, délicieuse photographie d’une franche gourmandise, était une incitation à la mâchouille pleine de convoitise. Mais, que sens-je sous ma dent brossée avec conviction quelques heures plus tôt ? Des mignons croûtons, dorés comme un naturiste aoûtien, proposant une singulière texture. L’humaniste Patrick Sébastien chantait jadis « Pourvu que ça dure, la belle aventure ». Nous y sommes.

Alors effectivement, je vous l’accorde mes divins esturgeons, je vous ai habitués à croûter des prologues avec plus d’épaisseur. Cependant, la légèreté de ce choix inusité permettait, mes aimables agneaux, de poursuivre mon casse-croûte comme un flamboyant jouisseur. Un risotto aux champignons, puis une dacquoise au chocolat et noisettes, finiraient par rassasier mon corps de crevette. Et puis, ne dit-on pas « qui mange un œuf, mange un bœuf » ?

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