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Epicurisme autour de l’épaule d’agneau

Julien Fournier

Le teint légèrement hâlé tel un magret qu’amoureusement l’on saisirait, me voilà de retour du Maroc, où j’ai pu constater que la becquée est une religion de paix. Peut-être de pet après un couscous, mais cela reste propre à son consommateur et ses secousses. Il est aussi vrai, que le temps anormalement pluvieux et maussade, permettait une grande liberté sur nos gourmandes escapades. Nous étions six dans le royaume, et aucun n’avait bizarrement pensé à s’abriter dans un musée. Nous options plutôt pour nous blottir contre des belles tables autochtones. Diable, que les épices qui chatouillaient nos tarins à longueur de journée, réveillaient en nous le goût de la curiosité. La première soirée des mille et une nuits promettait danse du ventre et méchoui divinement cuit. Messieurs, je serai votre Berbère à turban bleu.

Ce lundi soir dernier, notre chemin de poids n’avait rien du hasard, puisqu’un camarade connaissant Marrakech avait réservé afin de s’en mettre plein la jarre. Le lieu était référence, et la lumière aussi tamisée que dans un salon de massage faisant marcher les cinq sens. Il flottait dans l’air un parfum d’ailleurs, sans oublier que le tourisme à Marrakech est à son heure. Le sachant du groupe nous avait vanté un cocktail à base de gin, qui permettait, dixit le bougre, de s’enivrer tendrement en attendant notre mastique divine. L’oiseau ne perdait pas le nord, pendant qu’apparaissait sous nos museaux des couleurs et des senteurs. Légumes grillés, saucisses d’agneau, pastilla, kefta et d’autres prologues, garnissaient notre banquet. Face à l’opulence, le mot d’ordre était : aucune peur. Avec nos doigts, nous pouvions commencer à mettre dans nos bouches, nos choix. Vivement le plat, que nous mangions sans faim, mais avec la motivation d’un culturiste pour les gros vérins.

Hormis un zouave se démarquant avec des brochettes aussi mixtes qu’un spectacle organisé par Dodo la Saumure, le reste de la smala jetait son dévolu sur un méchoui que nous n’espérions pas dur. Je peux vous dire mes élégants mulots, que lorsque les plats débarquaient aussi fièrement que les Américains jadis, nos craintes s’étaient envolées et nos désirs s’étaient décuplés pour le vis. L’animal s’effilochait d’un coup de fourchette, pour laisser nos visions s’amouracher de l’ail confit qui semblait être lui aussi, à la fête. Cela fondait, cela croustillait, cela nous enjouait ! La cuisson aussi lente qu’un escargot traversant une départementale, caressait charnellement nos amygdales. À disposition, quelques récipients de pommes de terre découpées en demi-lune, accompagnaient parfaitement la viande et nos dalles. L’amidon, comme le reste, était assaisonné savoureusement, ce qui nous offrait un ballet complet d’une franche qualité. Je comprenais dorénavant les motivations de mon ami à nous infiltrer dans cet antre du bon. Le coquin aime la gamelle, et lui fait dans sa vie, la par belle.

Le dessert rejeté d’un poli hochement de tête, je désirais garder quelques filaments du fils au mouton entre les dents. Casser la croûte dans son sommeil ne devenait alors plus un rêve, mais bien une réalité enchantée. Il y a des moments dans la vie qu’il ne faut pas louper, comme apparemment, la naissance de sa descendance. Ce lundi soir, nous n’avions pourtant pas assisté au vêlage, mais croyez-moi qu’avec nos langues, nous lui avions bien titillé le pelage. Merci pour ce moment.

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