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Epicurisme autour de l’agneau et ses haricots

Julien Fournier

Avant-hier, était attendu à mes côtés pour le déjeuner mon patriarche qui, lorsqu’il s’agit de gobichonner, est rempli de bonté. Nous avions pour l’occasion réservé une table dont la qualité est aussi certaine qu’un zadiste possède un chien. Ouaf ouaf. Malheureusement, le bougre avait trouvé avec le COVID un accompagnant embarrassant, qui l’empêchait de se lâcher divinement. L’annulation n’étant pas une option quand il s’agit de restaurant passion, il me fallait trouver une bouche généreuse pour me faire la discussion. La mandibule de mon rendez-vous devait accepter la canaillerie bistrotière, comme de se cogner accepte le funambule. Son embouchure, avait la responsabilité d’accueillir les vives sensations que proposerait mon cabinet de glouton. En résumé, je proposais à mon accompagnante trouvée, une expérience dont la sauce Gribiche pouvait en être la clé. Comme dirait le maréchal, avec toi on n’est pas dans le pétrin.

La gredine qui avait accepté mon invitation inopinée détenait un coup de fourchette sincère et régulier. En effet, tel un chasseur de tête, je m’étais renseigné sur le pedigree de mon acolyte de tablée. Pourquoi perdre du temps avec une palombe lorsque l’on n’est pas chasseur ? L’avantage de parler le même langage, résidait dans le fait que je pouvais suçoter mes osselets de pieds sans grâce, devant son museau estomaqué par l’attention que je portais au panard de mon goret. Elle devait se dire qu’avec moi, elle était dans de beaux gras. Le désir de la rassurer pointait le bout de son nez, mais il était encore faible par rapport à la volonté de me rassasier. Ma limande si tu le veux bien, nous ferons un point au café.

Après ses œufs mayonnaise, la friponne continuait son festin avec une belle saucisse au couteau, digne d’une présentation des grands soirs. Cela ne me regarde pas. Pour ma part, je jetais mon dévolu sur un broutard cajolé durant sept heures, escorté de ses féculents péteurs. Même si le vent soufflait déjà fort à l’extérieur, je devais y apporter mon œuvre à l’intérieur. La vendeuse de calories m’avait certifié la tendreté de l’animal, comme pour me signifier que mon futur se nommait élasticité abdominale. Le verre de mâcon ayant poussé suffisamment mon prologue tant aimé, je me sentais prêt à rousiquer ce jeune mouton, en n’oubliant pas d’enlever mon bouton.

Diable, un coup de tarin suffisait à deviner l’approche de mon mets. Les désirables effluves venus de la cuisine rendaient mon choix souverain et mon envie câline. L’agneau enfin devant moi, se comportait en seigneur. Allongé sur son lit de haricots, il lorgnait ma velléité de le gober avec bonheur. La bête innocente s’était apprêtée de sa plus belle coloration dans l’idée de bousculer mes émotions. Comment voulez-vous résister quant on vous témoigne autant de respect… La fécule, elle, existait par son agréable fermeté, témoignant d’un équilibre ravissant au sein de cette écuelle. Les bouchées s’enchaînaient avec la volonté d’un syndiqué de bloquer, tandis qu’en parallèle, mon côte-du-rhône nappait mon palais de ses arômes épicés. Je ne parlais quasi plus à mon invitée, préférant témoigner ma gratitude à mon agneau et son attitude.

La gloutonne ayant fini sa longueur depuis quelques minutes, elle décidait de piquer un peu de filoche dans mon assiette. En bonne santé la crapule ! La table est intéressante seulement si le partage se fait sans dosage. Nous nous sentions libertins de la croûte, mais avant tout assurément bien. Heureux et légèrement ballonné, il était l’heure pour moi de rentrer à la niche vous pondre ces quelques lignes, signées d’un homme gustativement riche.

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