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Epicurisme autour de la raviole à la crème de roquefort

Julien Fournier

Je ne sais pas si vous aimez la pêche sous-marine, où si vous avez la crainte d’être submergé par les narines, mais laissez-moi vous prêcher le bienfait de jouir d’une succulente plongée. Celle que je vous propose a du caractère, elle est aussi attrayante que pour Haroun Tazieff, un cratère. Celle que je vous promets dévoile des coquins fonds marins, sorte de coraux comestibles, que je comptais bien me rendre accessibles. Celle que je vous dévoile n’a besoin que d’une combinaison, l’appétit d’un polisson et pour la table, sa passion. Enfin, celle que je vous garantis ne nécessite aucun harpon pour attraper le goût du bon. Allez suivez-moi, comme dirait mon ami Vladimir, on est comme un poison dans l’eau. D’ailleurs petite parenthèse qui n’a rien à faire dans cette chronique, mais je me demandais si on avait encore le droit d’aimer comme dessert le Russe. Si vous pouvez m’aider… Mais laissez-moi le manger.

L’autre soir, l’auberge qui m’accueillait voulait apparemment que je ressorte rassasié. À la lecture de la bienveillante carte, je ne savais quoi rousiquer. Comme dans un club échangiste, j’avais envie de tremper dans toutes les sauces proposées et de déguster les propositions sur mon chemin, croisées. Je finissais d’épeler seulement les entrées, que déjà mon cerveau faisait des nœuds. Que pouvais-je gobichonner en prologue qui me rende heureux ? J’étais accompagné ce soir-là d’un individu pas forcément connu par son côté raffiné, qui me permettait d’élire une gamelle si je désirais, de goret. Ne comptant pas non plus tourner sept fois ma langue dans sa bouche, je jetais mon dévolu sur des ravioles à la crème de roquefort.

Lorsque mon destin rencontre un coulis de ce fromage à pâte persillée, j’ai autant de mal à résister qu’un chat devant un bol de lait. Je confiais donc mon festin au zigoto à limonadier, qui m’exprimait sa joie devant ma détermination à godailler. Mazette, la gloutonnerie qui s’avançait vers mon museau était une vénérable potion pour faire trempette. Même si je n’avais pas mon maillot de bain, je voyais ce qui allait faire l’affaire avec les délicieux morceaux de pain. Ma cuillère comme outil prendrait un malin plaisir à pénétrer cette onctuosité fromagère comme un alcoolique une bistrotière. Aussi, et malgré mon nez légèrement bouché, l’odeur Aveyronnais parfumé mes naseaux de joie, faisant penser à mes crottes de nez qu’elles se trouvaient chez Séphora. Les divines ravioles apparaissaient avec pudeur, dans leur piscine de douceur. Les scélérates venues du Dauphiné, élégamment farcies de fromage et de persil, avaient leur existence qui tenait qu’à un fil, tant je semblais disposer à goulûment les avaler. À chaque fois que je portais mon couvert à mon embouchure, se dégageait un bruit de succion digne d’un mauvais film de luxure. En somme, je profitais pour m’asperger le palais de cette lotion de bénédiction. Et que dire des croûtons dorés, qui croustillaient à enlever un narcoleptique des bras de Morphée.

Alors que le preneur de commandes s’approchait de mon assiette vidée, il m’interpellait pour savoir si cela c’était bien passé. Devais-je vraiment répondre que je me sentais comme un acarien au Salon de la moquette ? En tout cas Monsieur, je vous ai exploré la gamelle comme les portugais le monde à la barre d’une caravelle.

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