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Epicurisme autour de la planche du dimanche

Julien Fournier

Certains verront au premier plan de mon grignotage quelques affriolants fromages, du pâté en croûte, et autres cochonnailles de très bon présage. Et pourtant, ne connaissez-vous pas ce fameux adage disant que les apparences sont souvent trompeuses ? Analyser seulement cette planche du dimanche comme étant une offrande boulimique est un aveuglement digne d’un coup de gazeuse après une manifestation houleuse. À contrario, embrasser cette divine heureuse d’une allure artistique, fera de vous des esthètes d’Épicure, enlaçant le bonheur de vous trouver devant un tableau de maître. Alors pourquoi fuir l’évidence, surtout lorsqu’il s’agit de paître. La préparation culinaire ne laissait guère de doute sur la future destinée de ces sculpturaux mets. Malgré qu’avec certitude, leur place aurait été au musée Rodin et non en compagnie de mon intestin. Mais c’est ainsi, ils étaient bien devant moi, et le poids des responsabilités m’envahissait. J’avais le droit d’en jouir en les invitant dans mon palais, mais par-dessus tout le devoir de sortir un précieux nectar et de le déboucher.

En regardant les cornichons, ces tétons verts gorgés d’envie, je me demandais pourquoi voyager jusqu’au Louvre pour apercevoir la Joconde, alors qu’il suffit de se balader dans les allées d’un marché de quartier pour que l’émotion nous inonde. Ici, le cucurbitacée avait le rôle du trait d’union de ces différents outils de dégustation. Il était le capitaine loin d’être à la peine, entouré de chair de caractère qu’il guidait avec passion. Tout en me léchant les babines, les traits de personnalité de mes coquineries gustatives me sautaient à la rétine. Ainsi, un goret exubérant aurait-il besoin d’une croûte en guise de rempart, avec la pudeur de ceux qui ne veulent pas déranger ? En tout cas, le volume de la tranche et la dignité de sa présentation rendent sa timidité lointaine et mon regard hagard. N’avons-nous pas envie de le rassurer en lui susurrant que nous sommes là uniquement pour le manger ?

L’autre avantage de mon festin de galopin se trouvait dans le voyage. Inutile de se taper la « Carte aux Trésors », on se contentera de gobichonner les fromages ! La majestueuse symphonie en trois temps pouvait s’observer durant tout un tour de cadran. L’étreinte crémeuse était aussi vivante qu’un alcoolique devant un mauvais crémant. Elle coulait telle l’éruption d’un volcan que l’on scrutait frénétiquement. Il était l’heure de développer mon imaginaire avec un verre de Pouilly fumé qui faisait l’affaire. Continuons le chemin, avec devant mon groin l’Aveyron et son authenticité, la Corse et sa diversité puis les alpages et leurs pâturages donnant générosité. Le pied ! En plus, je n’avais même pas l’utilité d’un char à voile pour me déplacer. Cessons de palabrer, une longue mâche m’attendait.

Certains planchent toute une vie pour n’avoir aucune émotion, alors que sur ma planche, des émois se présentaient en bouillon hier midi sous mon menton. Ainsi, l’évasion que pouvait procurer ce bout de bois était un médicament contre le repli sur soi. Mon accessoire de délectation était une ode au partage, qui amenait le sincère copinage. Rentrez mes amis, il n’y a à l’horizon aucun nuage ! Un psychologue dirait que c’est la gamelle des gens ne souhaitant pas être abandonnés, je dirai plutôt que nous verrons cela plus tard.

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