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Epicurisme autour de la pizza

Julien Fournier

La pizza doit-elle être réservée à un Napolitain à scooter ? Ou bien peut-on en jouir que l’on soit Berrichon ou Normand, et surtout à toute heure… Ayant la réponse depuis trente-cinq ans, je décidais vendredi soir d’y foutre des coups de dents. En effet, nous sommes en pleines fêtes de Bayonne, et je jugeais nécessaire de me mettre au vert pour mieux repartir aux verres ce dimanche. En somme, un microséjour chez mes géniteurs pour que le désir de la clameur reste aussi néant que le labeur d’un fainéant. Là-bas, je trouvais à coup sûr la paix intérieure que je n’ai que trop peu, ainsi que la possibilité de me balader dans le jardin en tenue légère avec un air d’imbécile heureux. Modestement, je me considérais comme un arbuste à branche. Un bain dans la piscine suffisait à m’arroser afin que je puisse pousser la porte de la tranquillité. Bref, arrêtons de parler botanique pour laisser place à ma belle chique.

Lorsque je descends au village, un de mes péchés mignons est de rendre visite à mon gonfleur de bides favori. L’asticot tient une pizzeria à l’entrée de la bourgade, avec autant de talent que Roméo compte sérénade. Son coup de poignet permettant à la circonférence de s’installer dans le four, ne laisse peu de doute quant à son amour de la belle cuisson. Alors oui, il est rital comme moi je suis astronaute, mais il est surtout habile comme un exhibitionniste devant un buisson. Bonjour mon mignon, je viens déguster une de tes jolies créations !

Je n’appelle jamais chez lui pour commander en amont, préférant patienter sur place en discutant du temps qui passe et qui parfois nous épanouit. Et puis, le ouistiti dispose d’un frigo léchant son comptoir et servant de réconfortant abreuvoir. La fraîcheur embouteillée glissait dans mon corps, avec le résultat certain de me donner encore plus faim. Le chenapan manieur de pâte me connaît, et sait, que la base tomate serait ma lauréate. Je jetais mon dévolu sur une gourmande César, déclinaison de la célèbre salade qui ce soir, ne mentirait pas sur son art. Malheureusement, si la roquette est utilisée dans certaines parties du globe comme une arme du mal, elle est ici disposée de façon collégiale. L’avantage de rôder devant le marmiton du bon réside également dans la surveillance précédant la délivrance, devant la qualité des mets dispatchés sur celle qui allait me remplir la panse. L’heure du goûter a sonné !

Ma croupe de faisan installée sur un petit tabouret, je m’apprêtais à entamer ma première part de calories assumées. La délicieuse était belle, colorée, à l’image d’une citoyenne méditerranéenne consciencieusement apprêtée. Les oignons frits parsemaient la proposition, et apportaient le croquant, qui n’était pas ludique uniquement pour les enfants. La volaille, coquinement humidifiée par la sauce au parmesan, me faisait ressortir l’émotion qui m’animait devant la bidoche que j’aime tant. Diable, que l’idée de cette recette n’était pas bête ! En bouche, les saveurs se mêlaient les unes aux autres avec l’évidence d’une soupe devant une louche. Aussi, la verdure souhaitait se coincer entre mes dents afin que je la ramène à la maison. L’espiègle maraîchage aspirait à connaître la demeure familiale, caché entre les meurtrières du rempart buccal. C’était sans compter sur mes coups de phalanges, empêchant l’invasion des bonnes herbes et préservant mon sourire de superbe. L’ultime mastique approchait, et mon contentement était complet.

Il n’était pas tard lorsque j’exprimais mon envie de rentrer à la niche. Mon plan s’était déroulé magnifiquement, à savoir un gobichonnage réconfortant puis me coucher lourdement. Si le boulanger a le goût de la mie, mon pizzaiolo fétiche sait mettre sur ses pizzas de la vie ! Merci pour ce moment.

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