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Epicurisme autour de la Fabada Asturiana

Julien Fournier

A force de jargonner à mes parents sur mon amour pour la région espagnole des Asturies, ces chenapans ont fini par lever l’ancre afin de découvrir les richesses de ce territoire si exquis. Jadis, lorsque ces deux intrépides visitaient l’inconnu, ils me ramenaient automatiquement un présent rarement incongru. Du maillot de football local au bouquin touristique idéal, les souvenirs rythmaient mes enthousiasmes du moment. Vous aurez donc vite compris en toisant mon plat de ce midi que gentiment, mes géniteurs ont sur ce coup pensé à mon léger rationnement… Si le message était de lâcher prise afin de profiter de son gourmand voyage, je ne suis pas sûr que ce soit la prise que je laisserai échapper de mon plumage.

La Fabada Asturiana est un emblème de cette principauté nichée au nord-ouest du pays de Cervantes, au même titre que la famine en Mauritanie est prêtresse. Cette spécialité culinaire est à l’image du terroir dont elle prospère, c’est à dire que nous sommes en présence d’une coquinerie de caractère. Passez votre chemin si vous souhaitez un met floral et aéré. Faire croire à un ami diététicien que se lamper le museau à l’aide d’haricots est bon pour les intestins est tout de même une manœuvre osée. N’oublions pas non plus que la recette traditionnelle se compose, outre les péteurs d’aspect longs et aplatis, d’un tryptique de charcuterie à faire gauler les béquillards de France et de Navarre. Le trio arbitral faisant mal à notre ceinture abdominale s’appelle chorizo, boudin et lard ! Autant vous dire que ce midi, mon marcassin et moi allons-nous en fourrer ras le jarret.

Un temps dégueulasse dehors et nous voilà autour de la mijote à contempler ce trésor. La marmite était le catalyseur de notre bonheur, tant elle dégageait de la superbe à l’aide de son odeur. Les morceaux de viande flottaient mieux qu’un nageur congolais, comme pour que nous puissions mieux les admirer. Ma femme était alors une maître-nageuse qui attentivement les surveillait. Après quasi quatre heures de mitonnement, la becquée s’approchait dangereusement quand soudain ma gloutonne compagnie m’envoyait à la boulange chercher une galette feuilletée. Avait-elle peur de manquer ? En tout cas sur le trajet, je ne regrettais pas de m’être marié !

– « Et avec ceci ? »

– « Oh pas grand chose vous savez. On compte pioncer juste après le café. »

Les premiers coups de trident étaient comme annoncés, réconfortants. Cette variété d’haricots, de couleur blanche et crémeuse, a cette texture si particulière sous la dent nous faisant danser entre fermeté et onctuosité. Que dire du boudin et du chorizo qui trônaient fièrement dans cette marée d’enchantement. Ils n’avaient pas la même couleur, mais avaient le même objectif de nous toucher en plein cœur. C’était en quelques sortes leur étron commun. Les bouts de lard, eux, venaient adoucir nos palais légèrement salés, et rendaient le tout quasi parfait. Au fur et à mesure que nos ventres se remplissaient, nous avions la ferme intention d’honorer une digestion personnalisée. Ma gredine souhaitait rester parfumer notre logis, tandis que j’aspirais à réchauffer le climat à l’extérieur devant un match de mon village de rugby. N’est-ce-pas important de sentir d’où l’on vient ? Et puis, c’était la parfaite occasion de passer chez mes parents les remercier pour ce bon moment, en leur glissant tout de même qu’ils attendent un peu avant d’aller au Mexique s’ils tiennent à mon physique.

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