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Epicurisme autour d’une omelette au jambon frites

Julien Fournier

Courant de semaine dernière, ma cousine a eu la bonne idée de m’appeler pour aller becqueter une graine, si possible en vitesse pour cause ensuite de réunion qui traîne. Il fallait donc que je choisisse une auberge aussi accueillante qu’un centre d’hébergement à Calais, mais surtout aussi fiable qu’une moto qui ne cale jamais. Instinctivement, une adresse me montait à la matière grise comme une évidence. Chez moi, les fulgurances étant aussi rares qu’une tempête de sable à Chamonix, je devais rappeler mon invitée afin de la mettre dans la confidence. Me voilà donc dans mon rôle de missionnaire du goût, identique à convaincre une coiffeuse d’éviter les poux. Le rendez-vous était pris, et l’appétit commençait à me tenir compagnie.

Lorsque je mets une demi queue dans cet endroit, j’ai pour habitude de me sentir aussi à l’aise qu’un termite le long d’une charpente en bois. L’hospitalité y est sincère grâce à l’empathie des tenanciers, et le gueuleton est aussi généreux qu’un syndicaliste encarté. Les banquettes aux extrémités de la salle sont une invitation à déposer nos fions, surtout s’ils ne sont pas sales. L’atmosphère locale, elle, donne envie de mâchouiller du chorizo, de sucer un piment ou de bouloter énergiquement du cochon de lait. Tiens en parlant de cochon, j’avais croisé mon voisin ce jour-là. Arrivait notre tour de choisir nos plats.

Mon cœur balançait à cet instant entre une escalope à la crème ou une omelette au jambon. Il faut être mentalement prêt quand on s’avise de pénétrer dans un repaire de gorets affamés. La vie est émaillée de choix, souvent heureux quand on peut y mettre les doigts. Personnellement, n’ayant pas forcément l’envie de tremper mes boudoirs dans une mixture normande, j’avais décidé de me porter sur les œufs fouettés. Ayant encore une fois entraîné mon rencard dans mon élan, nous options donc pour deux coquines au jambon, avec des belles frites maison.

L’avantage de pâturer dans ces murs est la similitude que procure un pique-nique chez sa grand-mère. Les rations sont comment dire, lourdes de sens… Que dire des assiettes trottant devant nos museaux, réconfortantes et très attrayantes. L’odeur du jambon poêlé titillait nos naseaux, afin que ces derniers coulent d’appétence pour les célestes tranches. La couleur de l’omelette était d’un jaune sincère, rappelant mon défunt papi et ses plus beaux Ricard d’après-guerre. Ici, aucun souci avec le travail de la poule ! La sultane du poulailler a du expulser la gamète tel Hortefeux un sans-papiers. Le reste venant du coup de poignet du cuisinier. D’ailleurs petite parenthèse, si certains pouvaient battre des œufs et non leurs femmes, ça pourrait nourrir des bouches qui ont faim.

Voulez-vous vraiment pour finir parler de ces aguicheuses longueurs dorées, s’emmêlant les unes aux autres telles les plus belles partouzes du nord de la France ? Elles fondaient dans la bouche, avec ce côté artisanal que l’on affectionne dans la patate. Aussi huileux que les cheveux de la serveuse, ces bâtonnets de calories avaient le goût d’ici. Les gouttelettes de sueur provenant du front de la cantinière n’y étaient sûrement pas étrangères. La suinte divine pour une collation d’origine ! Bientôt quatorze heures et le coup de sifflet final de cette partie nutritive. Nous décidions alors de boire le café chacun de son côté, afin de garder le goût commun de nos entrevues furtives.

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