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Epicurisme autour de la gaufre

Julien Fournier

Mes farouches asticots, laissez-moi vous prendre à contrepied en vous contant une coquinerie de derrière les fagots. Vous qui avez l’habitude de suivre mes aventures culinaires, vous vous dites depuis belle lurette que mon talent est celui d’un grand enfant et son imaginaire. Ce n’est pas faux, car prendre ma modeste plume était jadis un Goncourt de circonstance. J’imagine maintenant pour vous, en toute modestie, une chance. Mais arrêtez de me flatter deux minutes, et dites-vous bien mes espiègles crustacés, que je m’apprête à vous confesser une expérience sucrée.

En effet, du haut de mes 35 barreaux, l’envie de sucre s’impose de plus en plus dans ma vie de mammifère souvent décérébré. Il était certain que d’antan, prendre un dessert se résumait à du néant. Pire, le mépris me gagnait lorsque je croisais un chaland se mettant dans le bec une bombe de chantilly, comme si l’individu regrettait de ne pas être fakir. D’ailleurs, devrais-je ouvrir une école d’avaleurs d’épée, pour ces prospects à la glotte confirmée ? Bref, la maturité venant avec mes trois cheveux blancs, l’appel de la cassonade arrivait depuis quelques temps, et je dois avouer que ma gourmandise me susurrait que c’était tout bénef.

L’heure du crime était constatée jeudi vers 12h45, je ne pouvais plus reculer, et je me devais de passer aux aveux devant mon clavier. Ce jour-là, une boustifaille était célébrée avec un ami toulousain de naissance, qui croyez-moi devant la gamelle, détient l’excitation des sens. Nos repas salés gobichonnés avec plus ou moins d’intérêt, la canaille suggérait de finir par une suave touche câlinée. J’avais dorénavant compris, qu’en levant nos croupes de gymnastes, par les chaises légèrement tiédies, nous nous avancions vers Charlie et surtout sa chocolaterie. Nous trouvant sur une promenade côtière, l’objectif était de rencontrer une cabane à churros, c’était clair. Et d’après mon acolyte, si le marchand huilait plus ces accélérateurs diabétiques que les freins de son VTT, c’était fantastique ! Je n’étais pas au courant que nous étions en hypoglycémie, nom d’une pipe en plastique.

Lorsque nous nous arrêtions devant la fabrique calorique, ma rétine s’immobilisait sur l’abondant choix de gaufres. Doit-on attendre d’être à Liège pour s’en mettre plein le coffre ? Elle sera au chocolat pour moi, et vu la chaleur du jour, elle dégoulinera. Mazette, à peine la tenancière mettait mon dû devant moi, que j’en avais déjà plein les doigts. Effleurer la frêle serviette soutenant ma friandise, s’apparentait déjà à faire connaissance avec la future tache sur ma chemise. L’heure de croquer dans cette muraille de gloutonnerie se dessinait, et ma convoitise envers elle ne semblait plus être péché. Mon compère semblait même malheureux avec sa crêpe d’appétit peureux. En conséquence, j’étais dans l’obligation de le consoler, en lui suggérant d’essayer d’urgence cette polissonne chocolatée.

Le régal coupable en train de macérer dans ma brioche dorée, jouait sur ma température corporelle plus franchement que ma voiture surchauffée. Le regret n’existait pas, mais je savais que la tentation de ce midi serait moins fréquente que l’appel d’une carbonara. Je vous le promets, ça l’est déjà !

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