Il y a des plats simples, il y a des instants précieux, que n’importe quel artifice ne rendrait pas plus heureux. S’émouvoir devant une gamelle passe par l’épanouissement dans un environnement, dans un écrin que vous donne la sécurité comme sentiment. Personnellement, lorsque je coche cette belle nécessité, je peux alors coucher quelques mots afin de vous relater la convivialité pour lecteurs affamés. La simplicité comme clé d’un bonheur assuré ouvre des portes, dans lesquelles les émulsions et autres fanfaronnades ne me content pas sérénade. Le produit mis en avant sera toujours licite pour ma trogne, et sa dégustation sera constamment ma douce besogne.
Je ne présente plus l’auberge qui m’a inspiré cet élan de bonté, s’affichant comme une de mes cantines préférées. La popote y est toujours inspirée, et le chef a pour habitude de porter un tablier bleu bien repassé. Aussi, et comme je n’aime pas trahir mes modestes lecteurs, c’est un client de longues heures. De toute manière, la liberté que j’ai pu me créer au travers des Chroniques épicuriennes ne s’accommode pas à un corporatisme aveugle ! À la bonne heure. Mes coups de projecteurs sont authentiques, sans besoin d’un retour ou de plus d’amour. D’ailleurs, cela a pu me jouer quelques tours. Mes souriceaux, cherchez plutôt un bon calembour qu’une cour. Et si ensemble, nous balancions nos porcs ?
Ce soir-là résonnait comme un dîner fantasmagorique, comme une envie de se réconforter la chichine. Un chien aurait fait l’affaire en Chine, j’optais plutôt pour une pluma de porc ibérique. Ce morceau d’exception est localisé au niveau de l’omoplate de la bête à groin, et est adulé pour sa tendreté et sa forte teneur en gras. Voici son principal point commun avec mon voisin… L’animal était accompagné de pommes de terre grenailles, sorte de roubignoles hâlées, et humidifiées par un excellent jus de viande. L’ail, lui, se présentait en chemise par respect pour notre gourmandise. Mazette, il y avait des saveurs et aucune peur ! Le goret trouvait en mon bec un refuge accueillant, avec toutes les commodités fondamentales pour jouir d’un agréable moment. Je lui promettais un respect infini, tant le cochon en règle générale emboite le pas de ma vie depuis petit. Plus je savourais mon choix, et plus j’acquiesçais ma subjectivité qui ne pouvait que devenir objective devant ce coquin plat.
Vous le savez mes artichauts légèrement frits, je suis moins sucré qu’un diabétique chevronné. Je laissais donc le dessert au stade de l’imagination pâtissière, afin que demain, le goût d’hier me revienne avec la satisfaction comme seule bannière. La table est un vecteur de souvenirs, et ma fourchette l’outil de mes désirs. Certaines personnes le savent, et font de leur talent, mon moment.
Merci.
